Collectif de Révolte Anti-Capitaliste Poitiers
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 la tentation terroriste en grece

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black jack
Gloire a toi grand timonier!!!
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black jack


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la tentation terroriste en grece Empty
MessageSujet: la tentation terroriste en grece   la tentation terroriste en grece Icon_minitimeJeu 12 Fév - 19:22

Citation :
la tentation terroriste en grece 36
L. gouliamaki/afp
A
Athènes, les forces de l'ordre quadrillent le quartier d'Exarchia, où
deux inconnus ont ouvert le feu surdes policiers le 5 janvier.



Un
groupe armé jusqu'alors inconnu en Grèce, la "Secte des
révolutionnaires", a revendiqué un attentat perpétré contre un
commissariat dans la banlieue ouest d'Athènes, ce mardi. Dans ce pays
hanté par le souvenir de la dictature, la violence de la gauche ultra
peut-elle renaître en profitant de la crise politique?

Ce 5
janvier, la nuit s'étiole sur le quartier d'Exarchia, au coeur
d'Athè-nes. Exarchia, le cauchemar des flics, le symbole des
ruminations intimes d'une jeunesse gavée de colère et d'espoirs déçus.
Dans ce bastion anar, le chaudron de la rébellion sociale bouillonne à
feu vif, depuis la mort d'Alexis, ce jeune de 15 ans fauché le 6
décembre 2008 par la balle d'un policier.

Postés dans une
ruelle, devant le ministère de la Culture, trois policiers, cuirassés
de boucliers et de casques, se tiennent immobiles, sur le qui-vive. Il
n'est pas loin de 6 heures, ce matin-là, quand deux hommes, sortis de
nulle part, marchent vers les cerbères, armés d'une kalachnikov et d'un
pistolet MP5. Une rafale de feu crève le silence. Un policier s'écrase
au sol, grièvement touché. Son sang lavera celui d'Alexis, dont la
gueule d'ange, placardée à deux rues de là, au-dessus d'un monticule de
peluches, rappelle la descente aux enfers d'un pays égaré.

Dix
jours plus tard, le 15 janvier, la revendication de l'attentat, signée
Lutte révolutionnaire (EA), un groupe fiché au rang des "organisations
terroristes" par l'Union européenne, atterrit sur le bureau du
rédacteur en chef du journal Pontiki, le Canard enchaîné grec. Presque
une habitude, pour Stavros Christakopoulos. Apparu en 2003, EA a commis
une dizaine d'attentats à Athènes. Jusque-là, le groupe n'a jamais tué,
mais il s'en est fallu de peu, et le journal a toujours publié
l'intégrale de ses manifestes.

Cette fois, la prose s'étale sur
sept pages, nichant l'utopie du grand soir dans le fatras d'un
marxisme-léninisme fossilisé et d'une haine antiflics, largement
partagée par les Grecs, s'appuyant sur un catalogue - vertigineux - des
bavures policières impunies depuis 1976. Sept pages assaisonnées d'un
titre en forme de pistolet sur la tempe: "Promesse de sang nouveau". En
clair, le terrorisme est de retour. EA avertit: "L'assassin d'Alexis va
sortir. On l'attend." De pied ferme, visiblement.


la tentation terroriste en grece 34
AFP
Le 17 novembre 1973, le soulèvement étudiant contre la dictature des colonels était noyé dans le sang par l'armée.

Il
flotte dans l'air comme une odeur de poudre. Un malaise lancinant, dans
ce pays qui a déjà abrité, pendant vingt-sept ans, le groupe terroriste
le plus mystérieux d'Europe, le 17-Novembre - ce jour de 1973 où la
rébellion estudiantine est matée dans le sang par la junte des
colonels. Le "17-N"...

Rien, aucun renseignement, n'a jamais
filtré, pendant toutes ces années, sur cette coterie ultrasecrète d'une
vingtaine d'affiliés, qui a semé sur son passage 23 morts et plus de 50
blessés, justifiés, chaque fois, par des argumentaires prométhéens
s'élevant contre la "vente du peuple" aux "comploteurs
monarcho-juntistes" liés à la CIA.

Le trou noir, donc, jusqu'en
2002. Où l'enquête rebondit, sur un magistral coup de bol. Savas Xyros,
un peintre de 44 ans, s'apprêtait à poser une bombe au Pirée quand
l'engin lui a explosé dans les mains. Il perd trois doigts et un oeil.
"Un cadeau tombé du ciel" pour le ministre de l'Ordre public de
l'époque, Michalis Chrisochoidis, qui tient enfin un adhérent du 17-N.
Lequel passe aux aveux, sous psychotropes, précisera-t-il. "Archifaux!
J'avais dit que je poserais ma démission si une seule baffe tombait!"
rugit, aujourd'hui, l'ancien ministre.

En 2003, c'est le procès
d'exception. Quinze membres du 17-N, dont neuf proclament leur
innocence, à commencer par Alexandre Giotopoulos, condamné en tant
qu'instigateur moral du groupe, prendront quelques milliers d'années de
prison à titre de revanche. La Grèce, taxée pendant vingt-sept ans
d'aveuglement laxiste par les Américains, peut enfin redorer son blason
d'Etat légaliste.

Déchirements

1946-1949 Guerre civile.

1967-1974 Dictature des colonels.

1975 Apparition du groupe du 17-Novembre. Le 23 décembre, attentat contre le chef de la CIA à Athènes.

1981 La Grèce rejoint la CEE.

2000
Le 8 juin, l'attaché militaire de l'ambassade de Grande-Bretagne meurt
lors du dernier attentat réalisé par un membre du 17-Novembre.

2002 Démantèlement du groupe du 17-Novembre.

2003 Apparition de Lutte révolutionnaire (EA).

Seulement
voilà, avec ce nouvel attentat, le ciel menace à nouveau de lui tomber
sur la tête. L'ambassade américaine, touchée en 2007 par une roquette,
suit l'affaire de très près. Le Département d'Etat américain propose 1
million de dollars pour toute information sur EA, ainsi que le
ministère de l'Intérieur grec. Telle une bête rampante, le terrorisme
n'aurait, en réalité, jamais cessé de "sommeiller, au fond de la
casserole", comme le dit l'écrivain Petros Markaris.

La lutte
armée, ici, a survécu au naufrage des mouvements d'extrême gauche
européens bien après la fin des années 1980 - si l'on excepte le regain
des nouvelles Brigades rouges, en Italie. De EA, donc, on ne sait rien,
ou presque. Des anciens du 17-N seraient-ils passés entre les mailles?
S'agit-il d'une nouvelle génération? Une chose est sûre: si EA n'est
pas un 17-N bis, il joue dans la cour des mêmes prétentions.

Du
fond de sa cellule de 2 mètres sur 5, au sous-sol de la prison de
Korydallos, dans la banlieue d'Athènes, un homme de 51 ans, un pur, est
au bout du fil. Un condamné à onze perpétuités et à neuf cents ans de
prison. Qui observe, "avec une très grande attention", les rébellions
assassines de ses successeurs, médite le lent pourrissement du
capitalisme et s'enivre, à travers son poste de radio, du lointain écho
du "printemps des émeutes au coeur de l'hiver".

Dimitri
Koufondinas, surnommé "la main vénéneuse" car il ne ratait jamais sa
cible, est un "combattant" devant l'Eternel. Il a endossé toute la
responsabilité politique des actions du 17-N. Sa reddition fut à
l'image du bonhomme. Alors que les télés bombardaient les Grecs d'avis
de recherche, en 2002, il est allé au commissariat en taxi. Il a dit
aux flics: "Je suis Koufondinas." On l'a pris pour un dingue. C'était
la dernière danse de ce séditieux aux yeux sombres de saint byzantin.

la tentation terroriste en grece 42
Y. karahalis/reuters
Dimitri Koufondinas: Il a endossé toute la responsabilité politique des actions du 17-N.

Il
parle d'une voix égale, un rien sibylline, dans le combiné. Le nouveau
groupe? "Il essaie de combler un vide révolutionnaire... Après nous,
qui avons apporté notre réponse à la révolution, ces jeunes cherchent
la leur. Sans vouloir jouer au procureur ou au paternel bienveillant,
je dirais qu'ils doivent apprendre de nos erreurs pour trouver leur
propre chemin..."

A l'évidence, il en sait plus mais n'en dira
rien. Avant que la conversation ne soit interrompue, il cite
Robespierre - "Il n'y a pas de terrorisme sans vertu" - dit aussi que
la violence est un moyen, mais ce n'est pas le seul, ni la panacée. Il
prépare une anthologie sur la poésie de lutte et une tribune qui
passera dans le journal Thema. Une de plus.

"Flic" abattu? Un "accident du travail"


Depuis
que le 17-N est apparu, en 1975, la presse grecque a toujours accueilli
avec complaisance la logorrhée révolutionnaire, participant à la
mythification du clan. C'est l'époque, lyrique, de la violence
légitime, d'Action directe, des Brigades rouges, des cours
d'insurrection urbaine à la fac de Vincennes. La Grèce, elle, se relève
à peine de la dictature maudite et ses tortionnaires gambadent dans la
nature. Sur ce fumier, le terrorisme, qui dégommera d'abord le chef de
la CIA et les bourreaux, va pousser comme une fleur.

"Pendant
toutes ces années, on ne parlait pas de terrorisme, mais de résistance
à l'establishment, relève l'historienne Maria Ragoussi. S'il a pu
perdurer aussi longtemps, c'est en raison de cette étrange tolérance de
la société, qui l'a identifié au combat social de la gauche, qui a
toujours été la victime, pendant la guerre civile de 1946-1949, puis
sous la dictature." La matraque, historiquement du côté de la droite
oppressive et vomie, est restée dans les têtes.

la tentation terroriste en grece 44
Y. karahalis/reuters
Une des dernières lettresdu N-17 au journal Eleftherotypia, fin juillet 2002.

Alors,
quand, dans ces années de lutte, quelqu'un appelle le journal
Eleftherotypia, le "Libération" grec, et se présente - "C'est le 17-N"
- on prend. Et les ventes s'en portent bien.

Aujourd'hui,
Vangelis Pisias, collaborateur à Thema, n'a aucun état d'âme à faire
publier les tribunes incandescentes de Dimitri Koufondinas: "C'est une
information!" La loi antiterroriste ne l'empêche pas de dormir: "En
Grèce, on lui marche dessus! Ici, la censure a régné en maître. Nous
interdire de publier serait un insupportable retour en arrière!"

Et
de citer ce sondage, paru en 1989, au lendemain de l'attentat contre le
gendre du Premier ministre, qui demandait: "Si vous saviez que des
membres du 17-N habitaient près de chez vous, les dénonceriez-vous?" 77
% des Grecs ont répondu non.

Des retours en arrière, George
Monferratou en fait tous les jours. Il porte encore en lui le deuil de
son père, exécuté en 1985 par le 17-N. "Je n'osais pas le dire, car les
victimes du 17-N étaient forcément coupables aux yeux de l'opinion",
confie-t-il, pudique. Il a mis des années pour éponger ce vertige.
Pourtant, il ne croit pas, non, que l'opinion suivra encore ces
nouveaux hérauts de la révolution: "La société n'accepte plus."

Mais
si l'élan de sympathie s'est brisé, il reste un climat, note le
sociologue Thanos Dokos: "La crise, le manque de leadership politique,
l'impunité dont bénéficie la police après ses bavures, son arbitraire
créent aujourd'hui une atmosphère de tolérance à des actions violentes.
Or c'est déjà la pente naturelle des Grecs de critiquer toujours
l'Etat, de refuser l'autorité..."

Plus qu'un symptôme, une
maladie, résume l'historienne Maria Ragoussi: "Le terrorisme se nourrit
d'une démocratie qui ne fonctionne pas bien. Quand les institutions ne
tournent pas correctement et ne protègent pas les droits de l'homme,
une frange de la population se tourne vers des formes extrêmes."

la tentation terroriste en grece 40
reuters
Savas Xyros: Son attentat raté en 2002 a ouvert la voie au démantèlement du 17-N.

Ce
soir de janvier, dans l'amphi bondé de l'Ecole polytechnique, à
Exarchia, une jeune femme précipite ses mots, soupèse sa haine,
indélébile, contre ces "batsos [flics] jamais punis": "L'attentat
contre le flic? C'était pas le bon timing. Et puis ça fout en l'air
l'image de notre mouvement, en laissant la voie ouverte aux
représailles de la police." Une retraitée, à côté, glisse, dans un
sourire, qu'il s'agit, pour la victime, d'un simple "accident du
travail". "No way out, ici", répètent un noyau de jeunes, en boucle.
Une AG se prépare. Air asphyxié de tabac. Visages crépusculaires.
Envolées contre l'injustice et la difformité du monde. Le vent de la
révolution souffle.

Pendant ce temps, dans le silence de crypte
de sa cellule de Korydallos, Savas Xyros, celui par qui le 17-N a été
démantelé - six perpétuités et 2 035 années de prison - presse le
combiné contre son oreille. Le tympan crevé, il n'entend presque rien.
Il ne voit plus que d'un oeil, d'un dixième. Il souffle, tout
doucement: "Je peux comprendre la haine qui a poussé le nouveau groupe
à prendre ce chemin. Moi aussi je l'ai pris, parce que je voulais
changer les choses et j'aimais ce pays." Rendu à ses ténèbres, lui qui
ne supporte plus la lumière du soleil, il a demandé pardon aux familles
des victimes. "Aucune idéologie ne peut justifier ces meurtres",
lâche-t-il, en épitaphe. Mais il ne regrette rien.
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