libé d'aujourd'hui
Une "machine à chasser le jeune" débusquée à Pléneuf Val André
SOCIETE - Il semble bien qu'il n'y a pas que les
organismes bancaires ou les syndics d'immeubles à s'intéresser aux machines à
ultrasons destinés à éloigner les jeunes (voir Libération du 2 avril). Un
émetteur de ce type a en effet été installé il y a quelques semaines sur le mur
d'une résidence secondaire de Pléneuf Val André, petite station balnéaire des
Côtes d'Armor.
Hélas pour son propriétaire, qui occupe d'importantes fonctions à
Disney France, il ne sera pas resté en place très longtemps. Mercredi, à la
suite d'une plainte des commerçants de la commune et d'un arrêté du maire, le
boitier anti-jeunes a disparu comme par enchantement. Il aura tout de même eu le
temps de donner des maux de tête aux enfants qui sont passés sous les fenêtres
de cette résidence, située dans une rue commerçante en plein coeur de la
station.
"Je ne comprends pas, s'étonne Yves Gauthier, président de l'association
des commerçants qui se sont émus de la présence de cet appareil. Ce monsieur
avait déjà créé une association de lutte contre le bruit et la fermeture tardive
des bars et restaurants. Mais s'il n'y a plus de bruit dans une station, on
n'est plus une station!".
Les commerçants et les riverains qui ont engagé une action en référé pour
que soit mis fin à ce "trouble anormal du voisinage" ont souhaité que la
procédure aille jusqu'à son terme pour "interdire en France purement et
simplement ce type d'appareils". Si cette éventualité outrepasse sans doute les
prérogatives de la juridiction saisie, leur avocat, Me Jacky Voisin, n'en a pas
moins fondé sa demande sur le code de la santé publique, qui limite l'exposition
des personnes aux décibels (cet appareil peut émettre jusqu'à 95db alors qu'au
delà de 30db par exemple, on considère qu'il y a tapage nocturne) et sur "la
discrimination fondée sur l'âge". L'affaire qui devait être plaidée ce matin à
Saint-Brieuc a été renvoyée au 24 avril.
"Nous avons une douzaine d'attestations signées de personnes dont les
enfants ce sont plaints de ces ultrasons, précise Yves Gauthier. C'est grave
d'en arriver là, c'est de la torture cérébrale".
Commercialisé en France sous le nom de "Beethoven" par la société IBP,
basée dans les Bouches du Rhône et qui promet "un son qui adoucit les moeurs",
le boîtier antijeunes connaitrait un succès grandissant auprès des gérants
d'immeubles de l'hexagone. Son principe? Emettre des fréquences seulement
audibles des personnes âgées de moins de 25 ans, l'oreille devenant moins fine
avec l'âge. Saisie au début du mois. la commission européenne, s'est refusée à
interdire ce système déjà bien implanté en Belgique, où une pétition circule
pour en interdire l'usage, et surtout en Grande-Bretagne.
En France,
Christine Boutin, ministre de la Ville et du logement, et sa secrétaire d'état
Fadela Amara ont dénoncé ce qu'elles ont appelé "la machine à chasser le
jeune".
Pierre-Henri ALLAIN