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 Pour une lutte contre tous les enfermements

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Revoltaire
vieux de la vieille
Revoltaire


Nombre de messages : 310
Date d'inscription : 13/11/2007

Pour une lutte contre tous les enfermements Empty
MessageSujet: Pour une lutte contre tous les enfermements   Pour une lutte contre tous les enfermements Icon_minitimeJeu 8 Oct - 17:07

Travail, prison, travail - Pour une lutte contre tous les enfermements

A l’heure où les suicides au travail s’affichent à la une des journaux et
où se tient un comptage régulier et morbide des décès en détention, toutes
les réactions à ces événements ont en commun de nous mener sur de fausses
pistes. On nous rabat les oreilles à coups de « drames personnels », «
d’erreurs de management », de « surveillance préventive », de « nécessaire
solution individuelle », de « formation sur la gestion du stress », etc.
Mais on ne parle jamais du cœur du problème : l’exploitation salariale et
l’enfermement, piliers du système capitaliste.

Or, on ne peut s’attaquer à l’enfermement sans s’attaquer à la société qui
le produit. La prison n’est pas un monde à part, elle ne concerne pas que
les prisonniers et leurs proches. Elle assure une fonction de contrôle et
de gestion de la misère nécessaire au maintien de la paix sociale. La
prison fonctionne comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de
chaque exploité afin qu’il continue à jouer le jeu du salariat et de la
vie qui va avec. D’ailleurs, chacun sait bien que l’incarcération joue le
rôle d’un stigmate supplémentaire : en plus d’être un exploité, on devient
un ex-taulard. La prison marque les gens bien au-delà de la période de
leur enfermement (le casier judiciaire en est le meilleur exemple) et a
pour vocation de séparer les exploités entre eux, entre ceux qui marchent
droit et ceux qu’on étiquette comme « déviants ». Pourtant tous les
pauvres sont des prisonniers potentiels car la justice qui les condamne
est une justice de classe. Le Droit n’est pas neutre, il n’est pas la
manifestation naturelle de l’intérêt général mais l’expression d’un
rapport de force à un moment donné de l’histoire. Le Droit ne fait rien
d’autre que garantir la propriété et la sécurité de la classe dominante.
D’ailleurs souvent, ce ne sont même pas des actes qui sont pénalisés mais
le fait d’appartenir à la « classe dangereuse » (sans-papiers, membre
d’une « bande », mineur d’un quartier sous couvre-feu...).

Se battre contre la prison, c’est se battre contre l’Etat et sa justice.
C’est pourquoi le discours humanitaire qui a comme seul horizon
l’amélioration des conditions de détention et un meilleur respect des
droits des prisonniers contribue de fait au perfectionnement de
l’enfermement et à la conservation de l’institution carcérale. Par
exemple, dans les nouvelles prisons, avoir des douches à l’intérieur des
cellules est une manière pour l’administration pénitentiaire de réduire
les mouvements, de séparer et d’isoler davantage les détenus.
L’architecture de ces nouveaux établissements (fonctionnement en petites
unités, vidéosurveillance, limitation des déplacements) permet d’optimiser
le contrôle et la surveillance des prisonniers dans le but de prévenir et
contenir les révoltes.

De même, ce qui nous est présenté comme des alternatives à la prison
(bracelets électroniques et autres contrôles judiciaires) ne sont en
réalité qu’un moyen de plus pour l’Etat d’étendre son contrôle sur
certaines populations. Ces dispositifs s’accompagnent d’un suivi social
qui ressemble bien souvent à une mise au travail forcé, selon des logiques
similaires au contrôle des chômeurs, où le moindre faux pas peut être
suivi d’une sanction. A l’instar de bien d’autres aspects de notre société
au premier rang desquels le travail salarié, ces soi-disant alternatives
participent de l’autodiscipline qui doit faire accepter à chacun de rester
à sa place. Ces mesures, présentées comme une manière de « désengorger »
les prisons, permettent au contraire d’enfermer toujours plus : le nombre
de prisonniers ne cesse d’augmenter.

La prison étant à l’image de la société, la faiblesse actuelle des luttes
dans et autour des prisons est le reflet de l’affaiblissement de la
tension de classe qui traverse l’ensemble de notre société. Pourtant il
existe aujourd’hui en Europe des luttes contre l’enfermement, par exemple
contre les centres de rétention en Italie et en France ou contre les
prisons en Belgique, qui ont permis de faire le lien entre l’intérieur et
l’extérieur et ont tenté de replacer ces révoltes dans une perspective
plus large de lutte contre le système capitaliste.
Parce que la liberté n’est pas un état individuel mais un rapport social à
construire.

Pour retrouver ce texte et d’autres :
http://infokiosques.net/mauvaises_intentions
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