Prévention des suicides en prison: «nous sommes dans un vaudeville carcéral»Suicides: la ministre en visite à la prison d'Orléans
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PRISONS.«On tourne en rond. Il y a quelques mois, Rachida Dati avait annoncé exactement les mêmes mesures», rage Florence Aubenas, la présidente de l’Observatoire international des prisons, jointe par
Libération, quelques minutes après la conférence de presse de Michèle Alliot-Marie.En
déplacement à la prison d’Orléans, la nouvelle ministre de la Justice a
présenté son plan d’attaque pour lutter contre les suicides en prison.Principales mesures : formation des professionnels encadrants,
un meilleur accueil des primo arrivants, un kit de prévention des
attitudes suicidaires (couvertures indéchirables, pyjamas en papier à
usage unique, matelas anti-feu…) ainsi que des détenus placés en
quartier disciplinaire et la nomination de détenus de soutien pour
aider les plus fragiles. (Lire la suite...)
Rien de neuf en réalité puisque toutes ces mesures font partie du rapport Albrand remis à Rachida Dati en avril dernier.
«La
France est régulièrement condamnée par la justice européenne pour
traitement inhumain et dégradant et en réponse à cela, on ressort les
mêmes annonces. Nous sommes dans un Vaudeville carcéral», poursuit Florence Aubenas.
«Elle reprend c’est vrai les conclusions de ce rapport, reconnaît le porte-parole du ministère Guillaume Didier
qui insiste: elle a décidé de le rendre public alors que jusqu'ici il ne l'était pas.» En
avril dernier, ce rapport avait suscité la pagaille dans la
communication du ministère. Le docteur Albrand avait au dernier moment
boycotté la remise de son rapport, estimant qu’il avait été largement
édulcoré par l’Administration pénitentiaire.
«C'est pour ça
qu'aujourd'hui, j'espérais que la ministre ait le courage politique de
reprendre mes conclusions, avant qu'elles ne soient retouchées par
l'AP. Et en fait, pas du tout. Je suis déçu et inquiet».
Florence Aubenas dénonce l'absence de mesures plus radicales :
«En 2008, 71% des 115 détenus suicidés avaient fait l’objet d’un signalement. Mais aucune mesure n’a suivi.» Et de regretter qu’on ne se serve pas des outils déjà existants, comme, par exemple, le contrôleur de prisons.
«Il faut qu’il soit doté d’un pouvoir d’injonction et non porteur d’un simple avis consultatif.» Concernant
les différences de chiffrages qui apparaissent chaque année entre le
ministère de la Justice et les associations, Michèle Alliot-Marie a
accepté de revoir sa méthode de calcul.
«On a décidé d’intégrer les détenus morts après leur transfert à l’hôpital.»Résultat : l’Administration pénitentiaire passe de 75 à 81 suicides
comptabilisés depuis le 1er janvier – contre 88 et 92 selon les
associations. La ministre a aussi promis la
«transparence», s’engageant à publier deux fois par an des chiffres détaillés.
Mourad Guichard et Marie Piquemal
Libé d'orléans..
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