Les flogos ou le concept de publicité nuage

Citation :: Des logos de grandes entreprises flottant dans l'air comme des nuages... les "flogos", des publicités d'un nouveau type, vont être expérimentées le mois prochain par Walt Disney, qui va utiliser ce procédé pour envoyer des "têtes de Mickey" dans le ciel d'Orlando, en Floride.

Avec ces publicités qui ne manquent pas d'air, on pourrait imaginer des nuées de petits nuages en forme de "virgule" Nike ou d'arches dorées McDonald au-dessus de Manhattan ou de Los Angeles. Les flogos peuvent mesurer jusqu'à 1,20 mètre de large, et flotter jusqu'à 6.100 mètres d'altitude et sur 48 kilomètres de distance, selon leur créateur Francisco Guerra, un entrepreneur en effets spéciaux.

Cet ancien magicien a mis au point une machine qui produit les formes en mousse blanche à l'aide de petites bulles remplies d'air et d'un peu d'hélium et les expulse de leur matrice.

"On est surpris lorsqu'on regarde en l'air et qu'on voit un logo", souligne l'entrepreneur, dont la société Snowmasters produit des machines à fabriquer de la neige et de la mousse factices pour le cinéma hollywoodien et certaines manifestations. Sa société, installée dans l'Alabama, travaille sur un nouvel appareil capable de faire des flogos de 1,8 mètre de diamètre.

La mousse est sans risque pour l'environnement car elle est composée essentiellement d'eau, d'air et d'un agent savonneux qui crée des bulles, précise M. Guerra. Les flogos éclatent comme des bulles et disparaissent lorsqu'ils heurtent un arbre ou un bâtiment, laissant parfois un résidu poudreux qui s'envole.

Une machine peut produire un "nuage" toutes les 15 secondes. Francisco Guerra affirme qu'il pourrait aligner une demi-douzaine de machines et remplir le ciel avec presque n'importe quelle forme de logo.

Selon Jerry Emison, spécialiste des questions environnementales, les flogos ne devraient pas créer de risque de pollution s'ils sont simplement constitués d'eau et de savon. "Cela semble inoffensif, mais il y a beaucoup de choses que nous pensions inoffensives et qui en fait ne l'étaient pas", rappelle toutefois ce professeur de l'université du Mississippi.

Les flogos pourraient être soumis aux règles de l'Administration fédérale américaine de l'aviation (FAA) régissant des événements comme les lancements de ballon, souligne Kathleen Bergen, porte-parole de la FAA. L'organisme devra être averti de tout lâcher de flogos pour pouvoir en aviser les pilotes amenés à voler dans la zone, précise-t-elle.

La société de M. Guerra a déjà trouvé des distributeurs internationaux pour son invention, en Australie, Allemagne, au Mexique et à Singapour. Une machine à flogos se loue environ 3.500 dollars (2.250 euros) par jour.

Un tarif apparemment compétitif par rapport aux 5.000 dollars par jour que peut débourser une entreprise pour une grande banderole publicitaire tirée par un avion, relève Matt Leible, de Generation Outdoor, une agence spécialisée dans la publicité en extérieur. Le "skywriting", ces messages écrits dans le ciel, peut coûter 4.500 dollars (2.900 euros).

Quant à louer à un dirigeable pour promouvoir une entreprise, comme celui de Goodyear, il faut compter 250.000 dollars (160.000 euros) par mois, et le contrat de location court habituellement sur six mois, ajoute M. Leible.

Les flogos pourraient aussi poser un problème en détournant l'attention d'un pilote ou d'autres personnes si cette distraction a des conséquences fâcheuses. "Je pense que les gens les regarderont. La question est que va-t-il se passer après", déclare Leonard Lodish, professeur de marketing à l'université de Pennsylvanie.

Il est difficile de dire si les flogos seront un succès commercial. "La véritable question est quel est l'avantage en terme de coût par rapport à d'autres options comme les banderoles ou les dirigeables", explique M. Lodish. "Combien de gens les verront et quel sera l'impact pour ceux qui le voient?"