Guerre
et Paix - A propos des émeutes de Villiers-le-Bel
« Il faut bien que la vérité monte des bouges, puisque d’en haut ne
viennent que des mensonges. »
Louise Michel, 1890.
25 novembre
2007, Villiers-le-Bel. Deux gamins sont tués par les flics, s’ensuivent
plusieurs nuits d’émeutes durant lesquelles des dizaines et des
dizaines de keufs sont attaqués directement et blessés, certains
gravement. L’honneur de la police nationale est touché en plein cœur,
mais leur déshonneur participe à notre bonheur. Trois mois plus tard,
1500 flics et journaflics débarquent sur place, bouclent la ville et
arrêtent une trentaine de personnes sur la base de dénonciations
anonymes et rémunérées par les keufs. Beaucoup payeront pour les
désordres avec des peines de plusieurs années de prison ferme. Le 21
juin prochain, les quatre derniers inculpés passeront aux assises,
accusés d’avoir tiré sur les flics. Ils croupissent déjà en taule depuis
deux ans.
Nul besoin de faire appel à madame soleil pour savoir
qu’ils sont condamnés d’avance par cette justice de classe pour laquelle
désordre et révolte sont des crimes impardonnables. A travers elle,
c’est toute la démocratie qui se venge des indésirables qu’elle ne
parvient pas à gérer.
Une chose est sûre : il est simple, d’après ces
quelques données, de choisir son camp avec clarté. Nous prenons le
parti de la révolte, car nous n’attendons rien des institutions : ni le
respect, ni la vérité, ni la justice.
Clairement, ces quelques
nuits d’émeutes ont fissuré la paix sociale, comme en novembre 2005 ou
en Grèce, c’est toute la colère et la frustration rentrées du quotidien
qui explose au grand jour, c’est des bagnoles de flics qui crament, des
flics pris pour cible à la chevrotine et au Molotov, des bâtiments
officiels incendiés.
Où que nous soyons, laissons nous aussi
éclater notre rage et prenons notre courage à deux mains, car ce qui
nous détruit est partout, nos ennemis sont à notre portée. Cette paix
sociale qui ne peux être imposée que par la violence de l’Etat est aussi
forgée de notre propre résignation et de nos regards baissés face à
l’arrogance de la canaille, celle des condés, juges, grands frères,
pédagogues, petits chefs et directeurs de conscience en tout genre.
Le jeu en vaut la chandelle.Ni
justice, ni paix.
Que crèvent les balances, que la guerre sociale
l’emporte.
[Tract trouvé dans les rues de Paris, Juin 2010.]