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Sujet: Arrestations a Paris Lun 29 Mar - 23:24
Manif anti-carcérale : récit
15 heures à Denfert-Rochereau, on peine à trouver la manif, il faut dire qu’il y a plus de monde qui fait la queue pour visiter les catacombes que devant le camion sono, une dizaine de personnes, tout au plus. Finalement on attend près du camion, le temps de se rendre compte que les civils sont déjà bien présents.
Une heure plus tard, ça se lance, on descend le boulevard Saint-Jacques quelques mètres puis on stoppe. La Santé est de l’autre côté du métro aérien. La musique est à fond, quelques slogans sont lancés, mais finalement, vu de l’extérieur, ça semble franchement dérisoire, même pas sûr que les prisonniers entendent. Deux fusées de détresse sont tirées en direction de la prison, dont une qui finit sa course dans un immeuble, peut-être l’un des délits qui servira de prétexte…
Après quelques dizaines de minutes à poireauter là, le cul entre deux chaises, le cortège continue sa route jusqu’au prochain passage qui permet de passer sous le métro aérien. Les CRS sont déjà présents à l’entrée de la petite rue avec casque, bouclier et grille anti-émeute. La sono s’engage et se met face à ce cordon de flics, quelques types mettent des écharpes mais sans plus, de toute manière le rapport de force est inégal, rien que les flics en civil pouvaient foutre tout le monde à terre. S’ensuit un ballet assez émouvant, les cordons de CRS s’installent tranquillement, d’abord derrière, empêchant toute retraite, puis sur les côtés. Incrédules, la plupart des gens ne réagissent pas, la manif est déclarée, rien ne laisse présager une interpellation. Le joyeux bordel continue presque comme si de rien n’était, le concert se poursuit sur le camion, mais rapidement le malaise s’installe, ceux qui veulent sortir sont refoulés et l’encerclement se resserre. Les civils font deux percées pour serrer un organisateur et un autre type qu’ils emmènent dans une camionnette banalisée. Les CRS finissent le boulot, resserrant de plus en plus l’étreinte, ils embarquent les militants un par un dans les cars stationnés non loin.
Il semble évident que ces arrestations avaient été planifiées, vu le déploiement de forces de l’ordre, vu les faux prétextes utilisés et le ciblage très précis de ceux qui ont été arrêtés en premiers, ça ne fait aucun doute. Il suffisait d’un petit faux pas pour donner un prétexte quelconque servant de base à ces arrestations. Le faible nombre de personnes a sans doute facilité les choses puisqu’il devait y avoir au moins trois flics par manifestants, voire plus…
Indymedia Paris, 29 mars 2010.
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Communiqué suite à la manifestation anti-carcérale : Rassemblement de soutien
Ce dimanche 28 mars, une manifestation anticarcérale de solidarité envers toutes les personnes incarcérées avait lieu à Paris, aux abords de la prison de la Santé.
Bien qu’autorisée, la manifestation a rapidement été encerclée par un important dispositif policier, pendant le concert de soutien. Plus de 100 personnes ont été interpelées sans motif, puis transférées dans différents commissariats parisiens.
Selon les chiffres dont nous disposons, une soixantaine de gardes à vue à été notifiée :
Plus de 30 au commissariat du 11e.
21 au commissariat de la Goutte d’or (18e).
Quelques-unes au commissariat du 14e.
1 à Riquet qui pourrait basculer sous le régime de l’antiterrorisme.
Ces gardes à vue relèvent de l’article 222-14-2 du Code Pénal qui permet d’interpeller toute personne participant à une manifestation au cours de laquelle les forces de l’ordre considèrent que des dégradations ont été commises.
Un rassemblemant de soutien et de protestation est appelé le lundi 29 mars à 17 heures, métro Riquet, 18e, à proximité du commissariat.
N.B. : Si vous avez des ami-e-s en garde à vue, pensez à préparer les garanties de représentation qui seront utiles devant le juge : fiches de paie, attestations de domicile, etc.
Indymedia Paris, 28 mars.
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110 interpellations lors d’une manifestation anticarcérale
Cent dix personnes ont été interpellées dimanche après-midi à Paris lors d’une manifestation anticarcérale aux abords de la prison de la Santé, dans le XIVe arrondissement, a-t-on appris de source policière.
Cette «marche contre l’enfermement et en solidarité avec les personnes incarcérées à la prison de la Santé» était une manifestation autorisée, selon la même source. Elle devait partir vers 15 heures de la place Denfert-Rochereau et arriver aux abords de la Santé.
«Cent dix personnes ont interpellées à l’arrivée de la manifestation pour dégradations de biens publics et de biens privés», a-t-on ajouté de même source sans pouvoir préciser dans l’immédiat s’il y avait eu des heurts avec la police ni où ces personnes avaient été conduites.
Leur presse (Le Monde), 28 mars.
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Sujet: Re: Arrestations a Paris Lun 5 Avr - 18:03
Loi contre les bandes : cent dix manifestants arrêtés… pour rien
Le texte a été appliqué pour la première fois lors d'un rassemblement devant la prison de la Santé le 28 mars. L'objectif ? Surveiller.
C'est une affaire qui a fait peu de bruit, comme le remarquait lundi le site Arrêt sur images. Dimanche 28 mars, 110 personnes ont été interpellées lors d'une manifestation anti-carcérale aux abords de la prison de la Santé, à Paris. C'est la première fois qu'est appliquée la loi sur les violences en bande, promulguée le 2 mars 2010. Les manifestants n'ont pas été arrêtés pour avoir commis des violences mais pour avoir été soupçonnés d'en préparer. L'article 222-14-2 du code pénal stipule désormais :
« Le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. »
Un risque insuffisant pour annuler, suffisant pour interpeller
Selon le parquet de Paris, la police a arrêté ces 110 personnes pour « participation en attroupement en vue de commettre des violences volontaires en groupe. » Que leur reproche-t-on en juste ? A la préfecture de police de Paris, les réponses sont vagues :
- « Ils ont lancé des projectiles sur la police ? - Non. - Ils portaient des cagoules ? - Non plus. La police est intervenue pour éviter à un groupe la commission de violences volontaires, de destruction et de dégradation de biens. »
La manifestation, pourtant déclarée, aurait pu être annulée si la préfecture l'estimait particulièrement dangereuse. Pourquoi attendre sa tenue pour arrêter ses participants ? La préfecture se défend en expliquant qu'au moment de sa déclaration, la manifestation ne paraissait pas si sensible :
« On a jugé que le risque n'était pas suffisant pour annuler. »
Organisée tous les ans par des militants opposés à la prison, la manifestation anticarcérale était menée ce dimanche par un camion-concert du rappeur La K-Bine. Plusieurs témoignages permettent de reconstituer le fil des événements. Un défilé plutôt sage
La manifestation a démarré autour de 15 heures. Une petite foule d'une centaine de personnes défilent plutôt sagement, comme le suggère cette vidéo tournée par le réalisateur Christophe Del Debbio. Tournées entre 16h30 et 17h15, ces images ne diffèrent pas de celles de centaines de manifestations. Défilé plus ou moins bruyant, concert, prises de parole contre la politique carcérale. (Voir la vidéo)
Selon le récit d'un manifestant publié sur Indymedia, « deux fusées de détresses sont tirées en direction de la prison, dont une qui finit sa course dans un immeuble, peut-être l'un des délit qui servira de prétexte ». Le manifestant raconte son incrédulité face au nombre de CRS présents :
« Les CRS sont déjà présent à l'entrée de la petite rue avec casque bouclier et grille anti-émeute. La sono s'engage et se met face à ce cordon de flics, quelques types mettent des écharpes mais sans plus, de toute manière le rapport de force est inégal, rien que les flics en civils pouvaient foutre tout le monde à terre. S'ensuit un ballet assez émouvant, les cordons de CRS s'installent tranquillement, d'abord derrière, empêchant toute retraite, puis sur les côtés (…) Le joyeux bordel continue presque comme si de rien n'était, le concert se poursuit sur le camion, mais rapidement le malaise s'installe, ceux qui veulent sortir sont refoulés et l'encerclement se resserre. Les “civils” font deux percées pour serrer un organisateur et un autre type qu'ils emmènent dans une camionnette banalisée. Les CRS finissent le boulot, resserrant de plus en plus l'étreinte, ils embarquent les militants un par un dans les cars stationnés non loin. »
« On reçoit de la bouffe, c'est végétarien mais dégueulasse »
A 17h30, les interpellations commencent. Dans un long témoignage, un autre détaille sa garde à vue, d'une durée de 24 heures. Sans bien comprendre ce qu'il faisait là, il raconte :
« (22h00-23h00) On reçoit de la bouffe, c'est végétarien mais c'est dégueulasse. Je n'ai pas le temps de finir, on m'emmène voir l'avocate commise d'office, celle du jour sans doute puisque je suis le seul à la rencontrer, et le premier. Elle ne sait rien à propos de l'affaire. Apparemment, les flics sont désorganisés, l'équipe de nuit relaye l'équipe de jour et ils n'ont jamais eu à gérer autant de personnes. Elle se dit interloquée par l'arrestation pendant la manifestation, et par notre garde à vue dans un parking. Elle l'écrit sur un papier. Je m'assure d'avoir le droit de ne rien dire et de ne rien signer, elle me dit que je peux, mais que c'est fortement déconseillé. »
Après avoir été pris en photo, le manifestant est interrogé. Il refuse de répondre aux questions. Selon son témoignage, ceux qui ont répondu ont eu droit à des « questions absurdes » comme : « Etes-vous en accord avec la phrase “Faut-il brûler le système”, du groupe La K-bine ? » Selon un témoignage anonyme recueilli par Rue89, les interrogatoires ne portaient pas sur les jets de projectiles -la préfecture de police a confirmé que les interpellations n'avaient pas été causées par cela- mais sur la participation même des manifestants au concert et au défilé anticarcéral. « Ils étaient très nombreux, c'est pour les intimider »
Amaël François, porte-parole de Sud Etudiants dont deux membres ont été arrêtés, affirme que les interpellations ont été si nombreuses que les manifestant ont été installés dans quatre commissariats différents et deux sous-sols du parking du commissariat de Ledru-Rollin (XIe). Il estime que le but de l'opération était de ficher les participants :
« Le but était forcément d'envoyer un message fort politiquement et “policièrement”. Ils étaient très nombreux, c'est pour les intimider. Ils fichent les militants pour pouvoir suivre leurs activités. »
Yannick Danio, délégué national de l'union Unité Police SGP-FO, hostile à la loi contre les bandes « parce qu'un arsenal juridique existe déjà », explique les raisons qui ont pu motiver la police :
« Sur la thématique anticarcérale, on sait que sociologiquement, ce ne sont pas des syndicats, des associations ou des partis mais des individus, dont beaucoup peuvent être proches de ce qu'on appelé le mouvement “anarcho-autonome”. C'est le type de manifestation qui peut dégénérer, même si je ne veux pas généraliser. La difficulté dans la mission de maintien de l'ordre, c'est de pouvoir filtrer, de distinguer le casseur du manifestant ordinaire. »
Pour Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM) interrogé par Le Monde, les arrestations de dimanche illustrent le fait que « cette loi permet de ratisser large dans les manifestants en leur imputant un phénomène de bande ». Selon le parquet de Paris, les 57 personnes gardées à vues (dont 11 personnes jusque mardi) ont toutes été remises en liberté. Sans plus de suites judiciaires. Téléchargez le témoignage d'un manifestant placé en garde à vue
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► Le témoignage d'un manifestant, sur Indymedia.org