article 11
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Chaque année, la même excitation s’empare de nous à l’approche du 14
juillet. Une fièvre patriotique, un élan d’amour pour notre fière
nation et ses forces armées. Louable sentiment qui ne doit pourtant pas
nous voiler la face : un bon 14 juillet, ça se prépare, ça se mitonne
dans les règles de l’art. Article 11, qui aime les chars, Johnny et sa
patrie, vous mâche le travail. Conseils d’un passionné.
Johnny, défilé militaire, Marseillaise, tatouages patriotiques… Nos conseils malins pour un 14 juillet réussi lundi 13 juillet 2009, par Lémi
Chaque année c’est pareil, on l’attend avec impatience, on le renifle de loin, on en papote dans les troquets (
« Tu fais quoi pour le 14 juillet cette année ? » – «
Je Johnnyse »,
est indéniablement devenu un classique du café du commerce), on pousse
le vice jusqu’à s’interroger sur la composition du défilé (Le 3e corps
des cosaques franc-comtois – casaque vert de gris – sera-t-il oui ou
non précédé des fusiliers sous-marins – casaque bleu outre-mer ?),
bref, on trépigne d’impatience.
Las ! Trop souvent, une fois le grand soir venu,
déficience dans l’organisation ou bien éléments étrangers se greffant
sur le programme, quelque chose cloche, ça déraille dans les grandes
largeurs : on se retrouve au poste pour abus éthylique ou pour déposer
plainte pour vol de portable, à l’hôpital pour acouphènes généralisées
(La sono de Jean Michel Jarre, c’est pas de la bibine) voire coma
éthylique, ou en prison pour avoir transporté sa carabine à plombs avec
soi (jurisprudence Brunnerie). La soirée idéale pour clamer son
patriotisme et aimer son pays se transforme alors en fiasco, c’est
ballot. Pour éviter ça, Article 11 (plus patriote, tu fais pas) vous
propose un petit guide malin pour 14juilletiser dans les règles de
l’art. Parce qu’une fête du 14 juillet raté, c’est un peu comme une
Marseillaise sifflée ou un mollard basané sur ton drapeau :
inacceptable.
Le défilé militaire, pierre angulaire de notre légitime fierté patriotico-chauvineLe défilé militaire est évidemment l’élément primordial dans la bonne marche des réjouissances. On a tous en nous, outre «
quelque chose de Tennessee »,
des souvenirs émus liés au passage des élèves de Saint-Cyr en habit
d’apparat ou de la Patrouille de France étincelant dans les cieux
azuréens. Qui n’a pas vibré au son des chars descendant les
Champs-Elysées dans un fracas d’enfer ? Qui dénierait au moment une
valeur proche de l’extase ou du sentiment amoureux ? L’expérience,
érotique entre toutes (un défilé militaire, finalement, c’est un peu
comme un concours de grosses bites, version métal hurlant), ne laisse
personne indifférent, ou alors ceusses qui ont rien dans le calebute.
Messieurs, venez apprendre la virilité en matant le pas martial et
cadencé du 159e régiment d’infanterie alpine de Briançon, dit "
régiment de la neige",
voire celui du 132e bataillon cynophile de l’armée de terre. Mesdames,
venez vous esbaudir et mouiller vos atours intimes en découvrant cette
vérité immémoriale qu’Hélène de Troye clamait déjà en son temps : «
Personne ne me ravit (hinhin)
autant que la gente soldatesque. »
Cependant, pour profiter du défilé sexuel dans les
meilleures conditions, il convient de ne rien laisser au hasard.
D’abord, nous conseillons aux cardiaques et aux hypersensibles de venir
sur les Champs dès le 13 juillet, ceci afin d’assister en comité réduit
à la répétition générale : se familiariser avec la pompe militaire peut
éviter le débordement d’émotion impromptu, à même de terrasser les
constitutions les plus robustes. Citons ces quelques lignes de Stendhal
sortant de l’église
Santa Croce à Florence, physiquement terrassé par la vue de tant de beauté (mal désormais reconnu comme Syndrôme de Stendhal) :
J’étais dans une sorte d’extase, par
l’idée d’être à Florence, et le voisinage des grands hommes dont je
venais de voir les tombeaux. Absorbé dans la contemplation de la beauté
sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J’étais
arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes
données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de
Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez
moi, je marchais avec la crainte de tomber.
«
Voisinage des grands hommes », «
Beauté sublime », «
sensations célestes » etc., on est bien là dans un registre qui s’applique parfaitement au 14 Juillet. A ne pas prendre à la légère, donc.
Autre élément d’importance : savoir se positionner au
bon endroit. Grands de ce monde, sachez que la tribune présidentielle
vous est ouverte à condition de n’avoir pas trop ouvertement critiqué
les errements de notre politique étrangère (le petit est en rodage).
Petits de ce monde, sachez que pour apercevoir autre chose que la
patrouille de France et éviter les coups de coude intempestifs et le
panorama nuques rougeaudes (syndrome dit du «
j’ai oublié mon escabeau »),
il convient de se lever tôt. Pensez à prendre un pique-nique
(jambon-beurre, pâté, rillettes, vin rouge. Rien de trop orientalisant,
les loukoums et les kebabs ont mauvaise presse cette année) et à
minuter votre horaire à la perfection. A noter, La vitesse moyenne de
défilé des troupes motorisées est de 14 km/h. Les troupes de l’armée de
terre défilent au rythme de 120 pas à la minute. On soulignera avec
satisfaction que la légion étrangère défile en dernier, à un rythme
moins élevé, voire grotesque, de 88 pas par minutes (véridique [1]).
De là à conclure que la gente soldatesque étrangère ne peut suivre nos
cadences hexagonales, il n’y a qu’un pas que je franchis allégrement.
Enfin, un défilé militaire réussi suppose une attitude
vestimentaire et corporelle parfaite. Les bidasses font l’effort, ça
brille et ça en fout plein la vue, à vous de vous en montrer digne.
Tignasses rasées et leggings de rigueur, les tatouages patriotiques
type "
Ne coulons pas le Clémenceau" ou "
Massu forever"
feront bonne impression. Les petits malins arborant des keffiehs et
autres bérets Che seront expulsés sans pitié et reconduits à la
frontière du 16e recouverts de goudrons et de plumes, les femmes seront
tondues. A ceux qui auront l’impudence de rétorquer "
on est pas là pour se faire engueuler, on est venus voir le défilé", nous prédisons les pires avanies.
Pour ceux qui ne peuvent faire le déplacement dans la
capitale, qu’ils bichonnent leurs excuses. Ils peuvent se consoler en
regardant les 4 heures d’émission (je pose la question : est-ce
vraiment assez ?) que consacre France 2 à l’événement. Et qu’ils
remâchent cette déclaration de l’aviateur et colonel de réserve
(mazette !) Jean Claude Narcy, déclarant au très bon TV Mague : «
Nous
fêtons cette année le 75e anniversaire de l’armée de l’air et ce sera
le plus grand défilé aérien de l’histoire du 14 Juillet ». Rater cela serait criminel voire antipatriotique. A bon entendeur…
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