Appels au calme après une nuit d'échauffourées près de Saint-Etienne |
Des policiers patrouillent, le 8 juillet 2009, dans le quartier Grand H à Firminy où des incidents ont éclaté mardi soir entre la police et des jeunes du quartier, dont est originaire un homme de 21 ans dans le coma après avoir fait une tentative de suicide alors qu'il était en garde à vue au commissariat. (Photo Fred Dufour/AFP) |
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Mercredi 08 juillet 2009, 14h10Des
appels au calme ont été lancés mercredi à Firminy, banlieue de
Saint-Etienne, après une nuit d'échauffourrés entre la police et des
bandes de jeunes en colère après la tentative de suicide dans un
commissariat d'un jeune du quartier, perçue comme une bavure policière.
"J'ai parlé avec les jeunes en leur disant que ça ne sert à rien de
brûler et de casser. Ce n'est pas une solution. Mais je ne suis pas
arrivé à les calmer", a déclaré à l'AFP Abdelkader Benmouna, le père du
jeune, en état de mort cérébrale.
"J'ai lancé un appel au calme, ça ne sert à rien de brûler, de
casser", a ajouté sa femme, Malika, dans leur appartement au quinzième
étage d'un immeuble de Firminy où ils ont reçu dans la matinée la
visite du préfet de la Loire et du maire de la ville de près de 20.000
habitants.
Mohammed Benmouna, 21 ans, est hospitalisé depuis sa tentative de
suicide lundi au commissariat du Chambon-Feugerolles (Loire) où il
avait été placé en garde à vue pour une affaire de tentative
d'extorsion de fonds.
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Vue prise le 8 juillet 2009 d'un véhicule incendié dans le quartier Grand H à Firminy où des incidents ont éclaté mardi soir. (Photo Fred Dufour/AFP) |
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"On a confiance dans la justice. Je veux savoir ce qui s'est passé
pendant la garde à vue... Soit ils (les policiers) ne l'ont pas
surveillé, soit le suicide c'est une couverture", a ajouté M. Benmouna
alors que la thèse de la bavure policière avait déclenché les violences
de la nuit.
Le procureur de Saint-Etienne, Jacques Pin, qui a saisi
l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), a annoncé mercredi
à l'AFP "écarter a priori" la thèse d'une bavure policière, à l'issue
d'une visite au commissariat en question, à Chambon-Feugerolles (Loire).
Le gardé à vue était dans une cellule délabrée "qui ne correspond
pas aux normes car elle n'est pas en ciment", a-t-il ajouté, évoquant
la présence de deux trous dans le mur auxquels le jeune homme a fixé
les deux extrémités d'une cordelette fabriquée avec la toile d'un
matelas pour se pendre.
"J'ai lancé un appel au calme ce matin" à la radio, a ajouté M. Pin, qui a rencontré mardi les parents.
Neuf personnes ont été interpellées après les échauffourées qui
n'ont pas fait de blessés mais causé d'importants dégâts matériels.
Outre des voitures brûlées, des boutiques d'un centre commercial, un
local des Restos du Coeur et du Pôle emploi ont, selon la préfecture,
été endommagés.
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Des policiers patrouillent, le 8 juillet 2009 à Firminy. (Photo Fred Dufour/AFP) |
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Le maire communiste de Firminy, Marc Petit, a affirmé mercredi à
l'AFP que les échauffourées entre des bandes de casseurs et la police
étaient le fait de "personnes extérieures au département" et "venues
pour saccager".
"Ce sont des évènements extrêmement graves que l'on n'a jamais vus
sur notre territoire. Mais beaucoup de jeunes et d'adultes étaient
venus d'autres départements, comme le Var et le Rhône", a assuré M.
Petit qui a organisé à la mi-journée une "réunion de crise" avec les
pompiers et la police.
"La rumeur a circulé très vite qu'il y avait ce jeune qui était
décédé et qu'il y avait une bavure policière. Et ces personnes, a
ajouté le maire, sont venues pour saccager".
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Le jeune homme, qui avait tenté de
mettre fin à ses jours dans un commissariat du Chambon-Feugerolles,
lundi soir, est décédé mardi après-midi à l'hôpital. L'annonce de sa
tentative de suicide avait provoqué une nuit d'émeutes et
d'affrontements entre jeunes et forces de l'ordre dans un quartier de
Firminy. Plus tôt dans la matinée, le procureur avait affirmé qu'il écartait a priori
"la thèse de la bavure policière." De leur côté, les parents du jeune décédé avait lancé des appels au calme pour mettre fin aux violences.
"J'ai
parlé avec les jeunes en leur disant que ça ne sert à rien de brûler
et de casser. Ce n'est pas une solution. Mais je ne suis pas arrivé à
les calmer", avait déclaré Abdelkader Benmouna, le père du jeune.
"J'ai lancé un appel au calme, ça ne sert à rien de brûler, de casser", a ajouté sa femme, Malika.
Neuf personnes en garde à vue
"
Tout a commencé vers 21 heures. Les jeunes se sont révoltés, c'était une grosse émeute, qui a duré quatre à cinq heures".
Un animateur de quartier décrit ainsi les violences qui se sont
emparées mardi soir et qui ont vu des bandes de jeunes affronter la
police. Peu après 3h30 mercredi matin, des poubelles flambaient encore
dans le quartier du Grand H, au sol s'amoncelaient des déchets et des
cailloux, et on pouvait encore sentir l'odeur de pneus brûlés. Bilan de
cette nuit agitée : pas mal de dégâts... et neuf personnes placées en
garde à vue.
Le geste de Mohammed
Benmouna semble disproportionné si on le rapporte au motif qui avait
conduit à sa garde-à-vue, selon le parquet de Saint-Etienne : il
s'agissait d'une affaire de tentative d'extorsion de fonds. Le jeune
homme s'était pendu, et avait été hospitalisé dans le coma au service
des urgences du CHU de Saint-Etienne. L'Inspection générale de la
police nationale, saisie par le parquet, s'intéresse désormais
particulièrement aux matériaux, de type placoplâtre, qui constituaient
la cloison de sa cellule. Les parents de Mohammed ont demandé au
procureur de la République de visiter la cellule de garde-à-vue en
compagnie de leur avocat, "
afin de comprendre ce qui s'était passé".
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