A lire ici :
http://nantes.indymedia.org/article/16852 ; j'ai limité au mois de mars pour cause de longueur du texte.
- Citation :
“La VIOLENCE c’est de travailler pendant 40 ans, de recevoir des
salaires misérables et de se demander si on sera un jour en retraite.
La VIOLENCE c’est les titres d’état, des fonds de retraite volés et les
escroqueries de la bourse. La VIOLENCE c’est d’être forcé d’obtenir des
crédits pour les habitations qu’on est forcé finalement de repayer
comme si c’était de l’or. La VIOLENCE c’est le droit des chefs de vous
virer quand ils veulent. La VIOLENCE c’est le chômage, le travail
temporaire, un salaire de 400€ avec ou sans sécurité sociale. La
VIOLENCE c’est des ‘accidents’ du travail, quand les patrons reduisent
les coûts de la sécurité de leurs travailleurs. La VIOLENCE c’est
d’être rendu malade à cause d’un travail dur. La VIOLENCE c’est la
consommation de drogues-psychotropes et de vitamines pour faire face
aux heures de travail épuisantes. La VIOLENCE c’est de travailler pour
l’argent des médicaments destiné à reproduire votre force de travail
comme marchandise. La VIOLENCE c’est de mourir dans des lits d’hôpitaux
horribles quand on n’a pas les moyens de verser un bakchich.”
Tract de prolétaires lors de l’occupation d’un bâtiment syndical à Athènes, décembre 2008.
Lundi, 2 mars, à Patras, un immigré Afghan a tenté de monter à l’arrière d’un camion et un autre camion a accéléré pour l’écraser entre les deux véhicules. Il a failli mourir. Dans l’ambiance des attaques racistes, souvent soutenues par les flics, la réaction de plus de 1000 Aghans ainsi que celle d’autres personnes du coin fut de faire des barricades de feu et d’affronter les flics soutenus par des fascistes locaux. Les lacrymogènes et les attaques brutales ont poussé les Afghans à se retirer dans la zone ghettoïsée. Plus tard des Grecs du coin ont empêché les fascistes étatiques d’attaquer ce ghetto en jetant des bouteilles et d’autres projectiles depuis les balcons sur les fascistes amassés dessous. Il faux savoir que les fascistes de Patras ont déjà tué des gens qui s’opposaient à cette société.
Mercredi, 4 mars, des jeunes se sont rassemblés sur le site de l’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos. Ils ont essayé d’arrêter la construction d’un immeuble à coté de ce site en attaquant les véhicules de construction et en brûlant et détruisant un grand bulldozer. Les flics ont attaqué avec des lacrymogènes.
Ce fut un peu pareil quand à la fin de janvier et au début de février les gens occupèrent un des rares parcs à Athènes où la mairie voulait construire un parking privé. Ils ont construit des barricades et attaqué les bulldozers, les flics ont attaqué avec des matraques et encore des lacrymogènes, mais les occupants ont répondu avec des pierres et des barricades sur la route principale, pendant que quelques manifestants ont attaqué 2 commissariats locaux qui avaient une réputation de très grande brutalité (dans le passé ils ont torturé et violé des personnes interpelées), brûlant des véhicules de police. L’occupation du parc a continué pendant plusieurs semaines, avec des fêtes et des discussions auxquelles tout le quartier a participé.
Le mouvement des lycéens continue. Un exemple : vendredi 27 février, des élèves de 2 collèges publiques à Athènes ont attaqué une école privée, reservée aux enfants de la classe dominante. Ils ont cassé une des entrées et le poste de garde, inscrivant des graffiti anarchistes, et ont jeté des feux d’artifice et des oranges contre des cars. En essayant de rentrer dans le bâtiment principal du collège ils se sont heurtés aux les flics qui ont essayé d’interpeller une fille de 12 ans et un gars de 13 qui fur frappés. Mais, entourés par des élèves et des profs, qui les ont accusés de brutalité, ils ont du les relâcher.
9 mars : L’Assemblé Ouverte Pour La Santé a occupé une partie d’un hôpital de la Croix Rouge à Athènes pendant 4 heures, demandant « des soins médicaux gratuits pour tous », ce qui faisait une partie du mouvement contre la marchandisation des soins médicaux répandu, partout en Grèce depuis décembre. Egalement, il y eut 3 attaques contre des banques, 2 avec des pierres et des bâtons, une avec une bombe, cette dernier revendiquée par « Lutte Révolutionnaire », un groupe probablement manipulé par des secteurs de l’Etat.
11 mars : des dockers et dockers licenciés au Piraeus ont essayé d’occuper le Ministère de la Marine Commerciale, mais ils furent repoussés par des flics avec du gaz chimique et des flash-balls. Ils ont cassé les grilles de l’entrée principale. A peu près 2 semaines avant, il y avait eu des confrontations similaires au Piraeus, liées à un ’accident’ survenu en juillet 2008 dans lequel 8 dockers étaient morts (en juillet les dockers de Piraeus avient aussi fait un émeute contre les flics , brûlant plusieurs véhicules du Ministère).
Egalement le 11 mars, les travailleurs du Ministère de la Culture, qui n’étaient pas payés depuis 4 mois, ont bloqué l’Acropole. Et également il y eut une petite confrontation entre les manifestants, solidaires des interpellés de décembre et les flics quand les manifestants ont arrêté quelques bus à Athènes et les ont couvert de graffiti.
12 mars : les travailleurs des ambulances ont bloqué le Ministère de Macedoine et de Thrace à Salonique, demandant une amélioration de leurs conditions de travail.
13 mars : 2 manifs pour un anarchiste poursuivi pour des attaques de banques se sont vite transformées en émeutes. A Athènes le quartier le plus bourgeois, à côté du Parlement grec, était attaqué, des dizaines de magasins et de voitures de luxe, ainsi que des banques, furent cassés. De même qu’à Salonique, où il y eut beaucoup de banques saccagées.
Egalement, 13 mars, à Patras, il y eut une grande affrontement entre étudiants et flics quand les étudiants essayèrent de perturber une réunion (ayant pour objet des « reformes éducatives ») entre le Ministre de l’Education et des dirigeants d’IUT.
14 mars : Malgré le harcèlement des flics, les habitants d’Exarcheia ont continué à transformer le parking (situé à côté du lieu de l’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos) en parc avec des arbres et des aires de jeu pour les enfants, et ont monté des concerts etc. Pendant la nuit, autour du Ministère de la Culture, située non loin de là, il y eut des affrontements entre les anarchistes et flics.
Ailleurs à Athènes, les habitants d’une banlieue ont manifesté pour la destruction d’un bâtiment moche réservé à l’élite (le club de Da Vinci et Ferrari), demandant la transformation de l’ndroit où il était construit en espace vert non-commercial. Ils ont bloqué l’entrée et jeté des œufs contre la façade, puis ils ont bloqué la route principale et ont marché sur la mairie, où ils ont encore jeté des œufs.
Une manif des gays contre des musiciens homophobes de l’Opéra, a bloqué le boulevard central menant à l’Opéra(le partie actuellement au pouvoir a proposé, en 1979, d’envoyer les homosexuels dans des camps de concentration, une proposition rejetée seulement après une mobilisation sociale et des protestations internationales).
Egalement 14 mars, à Ioannina au nord-ouest, il y eut une bataille entre les anti-fascistes et les fascistes de « l’Aube dorée » [Xrysi Avgi] ; malgré l’intervention des flics anti-émeute, beaucoup de fascistes furent hospitalisés et aucun anti-fasciste n’était interpellé ni blessé. Récemment le chef de « l’Aube dorée » se révéla être un agent secret de l’Etat.
Il faut dire que toutes les actions que sont passés ne furent pas intelligentes. En particulier, il y eut des actions terroristes – des bombes contre quelques banques qui auraient pu blesser des gens comme toi ou moi. Le pire fut une bombe placée dans une voiture devant une banque d’une banlieue d’Athènes le 20 février à 07h00, revendiquée par ’La Secte des Révolutionnaires’ (pourquoi pas ’L’Eglise des Révolutionnaires’ ?). Cette mentalité avant-gardiste est contre-révolutionnaire, rien à voir avec une perspective anti-hiérarchique. Déjà un flic avait été gravement blessé par une balle apparemment tiré par un groupe que s’appelle « Lutte Révolutionnaire » mais presque tout le mouvement a pensé que c’était une provocation d’Etat, en particulier parce que cela est arrivé dans un lieu très surveillé par les flics.
Il semble que la Grèce se dirige rapidement vers une autre grande confrontation entre les forces brutales qui maintiennent cette société malade et celles qui s’y oppose, peut-être plus explosive qu’en décembre, avec des forces d’Etat et des media plus préparés. Après avoir consulté le chef de la police britannique et des conseillers pour la sécurité de l’Etat américain, le gouvernement vient de donner carte blanche aux flics anti-émeute pour exercer sans limites la force contre les manifestants. De plus, le gouvernement a annoncé la création d’une force de 300 policiers armés et montés sur des motos très rapides pour patrouiller dans le centre d’Athènes et l’utilisation de chiens par des patrouilles à pied.
Le Ministère de la « Justice » a aussi annoncé une nouvelle loi qui punira les personnes portant dans les manifs des capuches, des masques et autre vêtements cachant le visage. Les media utilisent le mot “koukouloforos”, qui signifie « hommes encapuchonnés » par référence aux anarchistes et autres radicaux, espérant ainsi identifier, de manière subliminale, le mouvement social aux collaborateurs des Nazis pendant l’occupation des années 40s, pour lesquels ce mot était utilisé, une technique d’amalgame également utilisée par le Parti « Communiste ». En même temps le gouvernement a engagé l’ancien chef de la propagande de la junte des colonels comme gérant des archives de l’Etat. Le gouvernement actuel est une transformation du parti royaliste qui, pendant les années 50s, a rempli les îles avec des camps de concentration pour les membres du parti « Communiste » et d’autres dissidents de l’époque. Il voudrait aussi supprimer la loi de 1974, qui déclare les universités comme zone protégée, où les flics ne peuvent pénétrer.
Lundi,16 mars : L’occupation du bureau du président de l’université Aristotle en Thessalonika, pour demander la fin des contrats d’esclave offerent par des sociétés de sous-traitance (qui permit les employeurs d’éviter beaucoup des lois d’emploi). (Les occupants ont été expulsés le 31 mars, ce qui a déclenché plusieurs occupations dans différentes universités de Grèce).
Mercredi, 18 mars : Katerina Goulioni – une prisonnière et une des plus actives organisatrices des droits de prisonniers (en particulier, des protestations contre les inspections vaginales, qu’elle a désigné comme « viol informelle ») – est morte, battu par des policiers lors d’un transfère. Plusieurs prisonniers dans son ancien prison ont mis une grève de faim contre ce que s’est passé. La lutte contre la condition de mort-vivant des prisonniers continue en Grèce : dimanche 22 mars une prison pour femmes à Thèbes s’est soulevée en solidarité avec Katerina G. : une partie de la prison était gravement brulée pendant qu’à l’extèrieur il y avait une échauffourée entre manifestants et les flics anti-émeute. Simultainement dans une prison à Athènes (Koridallos) il y eut une protestation de 200 prisonniers en solidarité avec le soulèvement de Thèbes. La veille (21/3/09) il y eut un soulèvement contre la surpopulation dans une prison (Chania) à Crète : les prisonniers ont occupé la court de la prison et ont construit des barricades. Une manif à l’extèrieur a occupé une station de radio pour émettre des informations sur le soulèvement.
Jeudi, 19 mars : des infirmières, en grève pendant 48 heures dans tout le pays, ont occupé le Ministère de la Santé et de la Solidarité Sociale ; elles ont été expulsées par les flics anti-émeute. Espèrons qu’il y aura de plus en plus de liens entre les grévistes et le mouvement des jeunes. « Fuck May 68, Fight Now » est un slogan qui était écrit sur les murs d’Athènes en décembre. Mais bien que ce mouvement soit souvent plus audacieu que celui de mai ’68, il y a en Grèce peu de grèves. Au moins en mai ’68 il y eut une grève sauvage de 10 million de travailleurs. Mais un mouvement dans les rues (et les parcs, etc.) qui ne menace pas le monde du travail peut être facilement vaincu.
Ce même jour, le grand manoir vide de Maria Callas, fut occupé par des anarchistes et d’autres radicaux, en solidarité avec Konstantina Kouneva et tous les insurgés emprisonnés en décembre. Le manoir est situé entre la Polytechnique d’Athènes et l’Université d’Economie et en face du Musée d’Archéologie. Pendant que des hauts parleurs diffusaient les chansons de « Carmen » chanté par Maria Callas, les occupants distribuaient un tracte disant :
« Nous sommes quelques personnes qui se sont rencontrées dans les rues et les occupations pendant les révoltes de décembre...une explosion sociale sans précédent. Une explosion qui a brisé la normalité étouffante de nos vies... La fête de décembre a fait sauter l’individualisme et nos vies privées fermée à clef et un « nous » joyeux, collectif et sauvage s’est répandu dans les rues. La démocratie et ses gardiens ont été attaqué...s’abstenant de toutes revendications et pétitions, le quotidien dans les bâtiments occupés s’est organisé. Notre critique est devenue plus aiguisée contre le monologue de la marchandise, nous avons détruis et pillé ses temples, et redistribué la richesse sociale.... Nous avons ébranlé les ambitions des gauchistes qui ont voulu se placé comme intermédiaires, bégayant des conneries sociologiques à la télé. Nous avons annulé la confusion convulsif des journalistes, et avons clarifié que ce qui ont voulu comprendre les événements, n’avait qu’à sortir de chez eux. Nous avons abolit, même seulement temporairement, les rôles hommes/femmes et spectaculaires car des milliers de gens se sont comportés comme une force dans les événements dans lesquelles ce qu’était important était ce que se passait et pas ce qui le faisait... »
P.S. 30 mars : Des centaines de bergers ont occupé le Ministère de l’Agriculture et ont entouré le Ministre dans sa voiture, déclenchant l’intervention de flics anti-émeute. Ailleurs, plusieurs véhicules de l’état et véhicules diplomatiques ont été brulées.
Ce texte était produit le 1 avril 2009 - la veille d’une grève générale en Grèce
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