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Sortie de virage pour les Boys
jeudi 17 avril 2008
L’ampleur prise par la fameuse banderole du Stade de France rendait
l’issue inéluctable. Comme prévu, la ministre de l’Intérieur a annoncé
aujourd’hui la dissolution des Boulogne Boys. Mais est-ce la solution
miracle annoncée ?
Suspectés, malgré leurs dénégations, d’être les auteurs de la
banderole « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les
Ch’tis », les Boulogne Boys ont, sans surprise, été dissous. Après
avoir pris en compte les accusations pesant sur eux (la banderole, les
injures racistes lors d’un récent déplacement à Marseille et divers
faits de violence) et les arguments qu’ils ont présentés pour se
défendre, la commission consultative de prévention des violences lors
des manifestations sportives a rendu mercredi un avis favorable à la
dissolution du groupe, que Michèle Alliot-Marie a entérinée dès jeudi
après-midi.
Un acte censé démontrer sa « détermination » et sa volonté de «
combattre toutes les formes d’insécurité et de violence dans le sport
». Frédéric Thiriez s’est aussitôt félicité de cette « politique de
fermeté du ministre de l’Intérieur, seule réponse face à des
comportements inacceptables ». La dissolution des Boulogne Boys
apparaît ainsi comme une décision de bon sens. Elle pose pourtant de
vrais problèmes.
Les Boys ne sont pas les plus durs
Les habitués du Parc le savent. Contrairement à ce qui est souvent
affirmé, les Boulogne Boys ne sont pas les éléments les plus durs du
Kop. Les Boys sont systématiquement mis en avant simplement parce
qu’ils forment l’association principale du Kop et que leur style de
supportérisme à l’italienne (banderoles, tifos) est beaucoup plus
spectaculaire que celui des autres occupants de la tribune. Les
individus les plus violents et les plus ouvertement racistes se
trouvent dans la mouvance indépendante.
D’où la ligne de défense des Boys. « On admet qu’on a des failles
mais on est là pour supporter le PSG, pas pour la violence, affirme
Pierre-Louis Dupont, leur président. Et on pense que c’est mieux pour
tout le monde d’avoir un groupe qui gère la tribune, même s’il n’est
pas parfait, plutôt que des électrons libres. Sans association, il n’y
a plus d’intermédiaires et plus d’interlocuteurs pour le club, la Ligue
et la police. Même si on ne représente pas toute la tribune, on peut
faire passer des messages modérateurs à l’ensemble du Kop ».
Et après ?
Ce raisonnement, les Boys sont loin d’être les seuls à le tenir. La
semaine dernière, Jean-Philippe d’Hallivillée, responsable sécurité du
PSG, a estimé dans le Parisien qu’une dissolution des Boys «
compliquerait [la] gestion des tribunes ». En off, des acteurs de
terrain disent la même chose. Que vont devenir les membres des Boys ?
Certains d’entre eux ne risquent-ils pas de grossir les rangs des
bandes d’indépendants et d’accroître ainsi les problèmes de violence et
de racisme ?
Les Boys avaient donc de solides arguments pour se défendre mais
aussi de sérieux talons d’Achille. Il leur était notamment reproché de
ne pas toujours assumer leurs responsabilités et de se défausser sur
les indépendants avec lesquels ils n’auraient de surcroît pas pris
suffisamment de distance. A leur décharge, les rapports de force
instaurés par les plus durs du Kop ne leur rendaient pas la vie facile.
Au lieu de dissoudre les Boys, n’aurait-il pas mieux valu les aider à
avoir une activité associative positive ?
Une mesure uniquement médiatique ?
Si la dissolution des Boys est uniquement un coup médiatique et
qu’elle reste sans lendemain, elle ne fera probablement guère avancer
la lutte contre le hooliganisme. Elle posera même peut-être de nouveaux
problèmes. En revanche, si ce n’est que le premier acte d’une action
publique cohérente et constante, elle peut ouvrir une nouvelle ère.
Mais les prétendues mesures miracles ne suffiront pas.
Au lieu de se focaliser sur les fumigènes et de privilégier les
interdictions administratives de stade prononcées par les préfets (qui
posent de sérieux problèmes de respect des libertés publiques), il
faudra en passer par une répression judiciaire, ferme mais juste, des
délits avérés des supporters. Et cette répression ne devra pas être la
seule réponse. Le modèle anglais, souvent montré en exemple, est loin
de se limiter à elle. Il paraît aujourd’hui incontournable de faire
enfin des états généraux du supportérisme réunissant tous les acteurs
(police, justice, clubs, ligue, mairies, préfectures, ministères, mais
aussi associations de supporters) pour construire ensemble une
politique de long terme.
Par Nicolas Hourcade, sociologue
Le modèle anglais, on le connait, c'est la loi du fric et qu'ils
aillent voir dans les divisions inférieures comment ça se passe ainsi
que les chants de supporters et les grillages...