Les
« petites mains » poitevines d’Aubade ont pris de vitesse les forces de
l’ordre en manifestant hier matin devant l’Assemblée nationale pendant
deux heures trente. Mais la pression des CRS a été la plus forte. Leurs
autocars ont été escortés en dehors de Paris en début d’après-midi. OAS_AD('Position1');
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Une centaine d’ouvrières d’Aubade sont montées à Paris hier matin.
Elles ont manifesté devant l’Assemblée nationale avant de se faire
déloger par les CRS.«
On n’a plus rien à perdre, on sait qu’on perd notre emploi dans tous
les cas. » Hier matin, dans les deux autocars affrétés par le fonds de
fonctionnement du CE Aubade et la section CGT de l’usine, c’était
l’énergie du désespoir qui motivait une centaine d’ouvrières à « monter
à Paris ». 104 licenciements à Saint-Savin (après les 140 engagés il y
a deux ans), c’est un coup de massue pour ces femmes. « On a plus de
trente ans d’ancienneté en moyenne », ont-elles précisé entre deux
répétitions de chansons revendicatives. Invitées par le député PS
Jean-Michel Clément à l’Assemblée nationale, les Saint-Savinoises
avaient prévu une manifestation en deux temps : faire du bruit devant
la représentation nationale puis manifester devant un magasin Aubade
rue de Rivoli voire au siège social de la marque.
« On s’est bien battu
quand même »Pour le premier acte, pas de problème, les forces de l’ordre n’étant
pas au courant, les « petites mains » de la lingerie féminine ont
manifesté plus de deux heures devant l’Assemblée avant d’être
encerclées par des CRS aussi nombreux que les sous-vêtements exhibés
sur les affiches. L’absence de déclaration de manifestation (1) a
motivé ce déploiement de force. Du coup, l’après-midi s’est achevé à 13
h 30 par une escorte – toutes sirènes hurlantes et en brûlant les feux
rouges – des deux cars vers la sortie de Paris. Très déçues de ne pas
avoir rempli leur contrat parisien, les ouvrières poitevines ont
cependant goûté la joie d’avoir gagné la bataille médiatique. Une
demi-douzaine de chaînes de télé, autant de radios et de presse écrite.
« On s’est bien battu quand même. Nous sommes contentes, on espère que notre combat sera largement médiatisé. »
(1)
Le décret-loi de 1935 impose aux organisateurs de manifestations à
Paris de se déclarer préalablement en Préfecture. Les manifestantes
ignoraient cette disposition.
Xavier Benoit
la Nouvelle République de la classe bourgeoise...