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 Un spectre hante l'Europe

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Revoltaire
vieux de la vieille
Revoltaire


Nombre de messages : 310
Date d'inscription : 13/11/2007

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MessageSujet: Un spectre hante l'Europe   Un spectre hante l'Europe Icon_minitimeLun 8 Juin - 16:52

vu sur le Juralibertaire...



Un spectre hante l'Europe...









Un spectre hante l'Europe Ferfa1





<blockquote>
«Il
y a eu mille petits soulèvements, et tout cela fait une seule guerre,
incessante entre nous-mêmes et nos esclaves, une guerre silencieuse,
une guerre honteuse dont personne ne parle et dont les historiens
répugnent à faire le récit. Il y a déjà eu des guerres entre nations,
entre cités, entre partis et même entre frères … mais cette foi c’est
un monstre qui est en nous, dans nos tripes, et qui lutte contre tous
les partis, toutes les nations, toutes les villes.»

</blockquote>
<blockquote>
in Spartacus, Howard Fast (Cicero à Helena à propos du mystère de la révolte des esclaves).
</blockquote>
«Julien
Coupat» libéré, c’est un point de focalisation de l’attention publique
qui se défait… personne ne s’en plaindra à commencer par lui qui pourra
peut-être ainsi espérer se défaire du costume absurde que tant de
bonnes âmes se sont efforcées de lui tailler.

Il n’a pas manqué de chroniqueurs en mal d’inspiration, de
pseudo-journalistes en peine de scoops crapuleux pour boucler leurs
fins de mois… Tout aura une nouvelle fois été convoqué depuis sa
libération surprise. Tout. Le vieux fond poujado-frustré de certains
journalistes de la presse d’opinion, tant en vogue sous le régime
présent, n’aura pas manqué d’écrire parmi ses plus belles pages à notre
propos. Il y a quelques semaines encore, certains reporters
détritivores ont su lécher les mains des enquêteurs jusqu’à obtenir
quelques «révélations exclusives» toutes droit sorties des archives
secret-défense de la DCRI, doublant ensuite de leurs propres mensonges,
les approximations et les amalgames grossiers des «agents des services»
en goguette dans la campagne limousine. Et on aura aussi eu droit aux
voix souffreteuse de certains épigones de la chronique journalistique
et à leurs ratiocinations sur l’irresponsabilité de toute pensée qui
n’épargne pas l’ambiance surannée de nos vieilles démocraties.

On
nous parle d’«argent» en «contradiction avec (nos) propres idées», de
«fils à papa qui n’assument rien», d’intellectuels «pas sympathiques»,
«pédants», ou manquant sérieusement d’«originalité», ou bien encore qui
ne «proposent rien» (en effet nous ne voulons pas offrir de programme à
un quelconque suffrage…). Au delà de nous accuser de ne pas assumer
«nos idées», on ose même nous reprocher, à nous, de faire trop de
bruit, quand tant d’autres moins «biens nés» et moins bien entourés
sont interpellés, tabassés, enfermés en silence…

Je ne m’arrêterai pas sur chacun de ces morceaux de bravoure, ils valent à peine l’énergie que demande leur lecture.

Ce dont il importe de parler à la suite de cette libération inopinée,
ce n’est rien d’autre que ce que nous nous sommes efforcés de mettre en
avant envers et contre toute focalisation exclusive sur le personnage
«Julien Coupat», ou sur celui de «la bande de Tarnac». Si toute cette
foire doit avoir servi à quelque chose c’est à retourner l’opération de
communication du pouvoir contre son principe même. Mais comment ?

L’opération de
sidération permanente qui est au cœur du style de gouvernement
sarkosyste, sans être elle-même particulièrement novatrice sinon
efficace, repose sur la stigmatisation de populations cibles qui sont
désignées comme l’autre absolu du cœur virtuel de la «citoyenneté
républicaine». Ce cœur virtuel sans qu’il soit jamais désigné comme tel
est sans conteste blanc, européen, chrétien, entrepreneur, respectueux
des lois, de la propriété et de l’argent. Il n’est évidemment plus de
bon ton de le scander tout haut, même si on semble s’en cacher de moins
en moins. Cette identité se dit donc en creux, au fil des figures qui
sont désignées comme son opposé, ses «ennemis intérieurs», on
renouvelle bien le vocabulaire, moins les principes… il y a eu le
«juif», «l’anarchiste», «le rital», «le blouson noir», «le fellaga», il
y a aujourd’hui les «bandes de jeunes de cité», les «noirs et les
arabes», les «clandestins», les «islamistes», les «anarcho-autonomes»,
les «pirates», les «étudiants ultras», les «grévistes-voyous».

Ces «figures» ne fonctionnent que tant qu’elles restent
irrémédiablement séparées dans l’imaginaire collectif. Au delà de
l’entreprise de terreur (ou d’«intimidation» selon l’interprétation
qu’on fait des textes européens) menée par le pouvoir pour maintenir en
état de sidération l’ensemble de la population, ce que craignent les
réseaux de pouvoir — sans lesquels Sarkozy n’est rien — c’est bien que
l’hétérogénéité (réelle) des ennemis de l’état des choses présent, ne
se constitue en puissance consciente de renversement. Non pas un
quelconque revival du grand soir mais la constitution en des points
divers de nouages qui alimentent une intelligence collective diffuse et
constituent positivement les forces capables de survivre au délitement
des formes politiques existantes. Les mots pour dire ces forces sont
pléthore. Ou bien manquent encore cruellement. Ils sont au mieux ceux
du passé, au pire ceux du pouvoir, de l’occident globalisé. Abstenons
nous de vouloir épingler ces forces à notre tour.

Ces forces
que l’on sent palpables au détour de chaque tour dans les quartiers
populaires, de chaque cafétéria de grande banlieue, dans les facs
bloquées, les usines occupées, les foyers Sonacotra, les villages qui
résistent à la touristification, les anciennes colonies, les hôpitaux
psychiatriques… partout où la force des choses, la colère ou le bon
sens mènent les uns et les autres à sentir ce qui les distingue
radicalement de la figure du «bon citoyen» (français ou européen
qu’importe)… au nom duquel on surveille, on «sécurise», on ment, on
tabasse, on extorque, on vend des armes, des centrales nucléaires, on
exploite, on acculture, on affame, on rend stérile, on expulse, on
enferme, on tue.

Ce que l’on veut conjurer par dessus tout c’est le spectre du
soulèvement. Lent, progressif, par saccades mais soulèvement bien réel,
de ce qu’on finira bien un jour par devoir re-nommer «peuple». Pas
celui dont on se réclame mais bien celui qui partout, tout le temps,
échappe à la normalisation et au contrôle, surgit là où ne l’attend
plus.



<blockquote>
Benjamin épicier-terroriste -
Mediapart, 8 juin 2009.

</blockquote>
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