La France des années 2000, comme de nombreux pays, a vu se confirmer un
modèle de contrôle censé protéger la population contre la
prolifération, en son sein, de « nouvelles menaces » : islamisme,
terrorisme, immigration clandestine, incivilités, violences urbaines…
Et pour justifier cet arsenal sécuritaire, un principe s’est imposé :
désigner l’« ennemi intérieur ». Cette notion évoque la guerre froide,
quand cet ennemi était le communisme. Et surtout les guerres coloniales
d’Indochine et d’Algérie, quand l’armée française a conçu la « doctrine
de la guerre révolutionnaire », afin d’éradiquer au prix des pires
méthodes la « gangrène subversive pourrissant le corps national ».
Si
cette doctrine a été évacuée officiellement depuis lors par l’État,
certains de ses éléments clés auraient-ils contribué à façonner cette
grille de lecture sécuritaire qui présente les populations immigrées
issues de la colonisation comme les vecteurs intérieurs d’une menace
globale ? C’est ce que montre Mathieu Rigouste dans ce livre
rigoureusement documenté, en s’appuyant notamment sur un corpus
d’archives conservées à l’École militaire.
Retraçant l’évolution des
représentations de l’ennemi intérieur dans la pensée d’État depuis les
années 1960, il explique comment, des territoires colonisés d’hier aux
quartiers populaires d’aujourd’hui, la Ve République a régénéré un
modèle d’encadrement fondé sur la désignation d’un bouc émissaire
socio-ethnique. À travers l’étude minutieuse des étapes de la lutte
antimigratoire et de la structuration de l’antiterrorisme, il révèle
l’effrayante évolution du contrôle intérieur, de ses dimensions
médiatiques et économiques, ainsi que la fonction de l’idéologie
identitaire dans la mise en œuvre du nouvel ordre sécuritaire.
Collection : Cahiers libres
Parution : février 2009
Nb de pages : 348
Prix : 22 €
ISBN : 9782707153968
Dimensions : 155 * 240 mm
Façonnage : Broché
Mathieu
Rigouste, chercheur en sciences sociales à l’université
Paris-VIII-Saint-Denis, est notamment l’auteur de plusieurs articles
sur la construction médiatique de l’« immigré » et des quartiers
populaires.