Collectif de Révolte Anti-Capitaliste Poitiers
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 le tong by hakim bey

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punkastor
gaucho baroudeur...
punkastor


Nombre de messages : 74
Date d'inscription : 12/10/2008

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MessageSujet: le tong by hakim bey   le tong by hakim bey Icon_minitimeSam 7 Fév - 17:05

Citation :





Le Tong par Hakim Bey





Lu sur EzoOccult - Webzine d'Hermès. : "« Les
mandarins
tirent leur
force de la loi ; le peuple des sociétés secrètes. » (dicton chinois) .L’hiver
dernier j’ai lu un livre sur les Tongs chinois (« Primitive Revolutionaries of
China : A Study of secret Societies in the Late Nineteenth Century », Fei-Ling
Davis ; Honolulu, 1971- 77) : peut-être le premier jamais écrit par quelqu’un
qui n’était pas un agent des services secrets britanniques (en fait, il a été
écrit par un socialiste chinois qui est mort jeune et c’est le seul livre qu’il
ait jamais écrit) & pour la première fois j’ai réalisé pourquoi j’ai
toujours été attiré par les Tongs, pas seulement pour le romantisme, l’élégante
décadence des décors chinois qu’ils représentaient mais aussi pour la forme, la
structure et l’essence même de la chose. Quelques temps plus tard, lors d’une
interview de William Burroughs pour le magasine Homocore, j’ai découvert que
lui aussi était fasciné par les Tongs & il suggéra que cette forme était un
mode parfait d’organisation pour les homos, particulièrement en cette époque de
moralisme & d’hystérie de merde. J’agréerais & étendrais la
recommandation à tous les groupes marginaux, et particulièrement ceux dont la
jouissance implique des actes illégaux (insurrectionnels, hérétiques du sexe, «
potheads ») ou une extrême excentricité (nudistes, païens, artistes
post-avant-garde, etc., etc.).




Un Tong peut être défini comme une société de profit mutuel pour des gens avec
un intérêt commun qui est illégal ou dangereusement marginal - d’où le
nécessaire secret. Beaucoup de Tong chinois évoluent autour de la contrebande
& de l’évasion fiscale, ou le contrôle clandestin de certains trafics (en
opposition avec le contrôle de l’Etat), ou des buts insurrectionnels politiques
ou religieux (la déchéance des Mandchous par exemple - plusieurs Tongs
collaborèrent avec les anarchistes durant la révolution de 1911).




Un but commun des Tongs était de collecter & d’investir les cotisations
& les frais d’initiation des membres dans des fonds d’assurance pour
l’indigent, le sans emplois, la veuve & l’orphelin des membres décédés,
pour les frais funéraires, etc.



Dans une époque comme la notre où les pauvres sont pris
entre le cancer-Scylla de l’industrie des assurances &
l’évanescent-Charybde de la sécurité sociale & des services de soins de
santé, ce besoin d’une Société Secrète pourrait bien redevenir attractif. (Les
loges maçonniques furent organisées sur cette base, comme le furent les
premiers syndicats illégaux & les « ordres de chevalerie » pour les
travailleurs & artisans). Un autre but universel pour de telles sociétés
était bien sûr la convivialité, et plus particulièrement la tenue de banquets -
mais même ce passe-temps apparemment anodin peut acquérir des connotations
insurrectionnelles. Dans les diverses révolutions françaises, par exemple, les
clubs gastronomiques prirent le rôle des organisations radicales quand toutes
autres formes de rencontres publiques étaient bannies.




Récemment, j’ai discuté avec « P.M. », l’auteur de bolo’bolo (Semitext(e)
Foreign Agents Series). J’arguais que les sociétés secrètes sont à nouveaux une
possibilité valide pour des groupes recherchant l’autonomie & la
réalisation personnelle. Il ne fut pas d’accord, mais non (comme je m’y
attendais) à cause des connotations « élitistes » du secret. Il sentait que de
telles formes d’organisation fonctionnent mieux pour des groupes déjà très
soudés avec de forts liens économiques, ethniques/régionaux ou religieux - des
conditions qui n’existent pas (ou qui n’existent qu’embryonnairement) sur la
scène marginale actuelle. Il proposa plutôt l’établissement de centres de
proximités multi-objets avec des dépenses qui devaient être partagées par
divers groupes d’intérêts particuliers & d'objectifs micro-entrepreneurials
(les artisans, des coffee-houses, des espaces de représentation, etc.). De tels
centres d’importance requerront des statuts officiels (une reconnaissance de
l’Etat), mais ne deviendraient évidemment pas visibles pour toutes sortes
d’activités non-officielles - marchés noirs, organisations temporaires de
protestation ou d’action insurrectionnelle, de « plaisir » & de
convivialité incontrôlée, etc.




Pour répondre à la critique de P.M., je n’ai pas abandonné mais plutôt modifié
mon concept de ce qu’un Tong moderne pourrait être. La structure intensément
hiérarchique d’un Tong traditionnel ne marcherait évidemment pas, bien que
certaines de ses formes puissent en être sauvées & utilisées de la même
manière que les titres & honneurs sont utilisés dans nos « religions libres
» (ou « religions étranges », religions « pour rire », cultes
anarcho-néo-païens, etc.). Une organisation non-hiérarchisée nous attire tout
autant que les rituels, l’encens, la délicieuse emphase d’ordres occultes, -
une « Esthétique Tong » comme vous pourriez l’appeler - et donc pourquoi ne
pourrions-nous pas avoir aussi notre part du gâteau & la manger ? -
(particulièrement si c’est un majoun marocain ou un baba à l’absinthe - quelque
chose d’un peu interdit). Entre autres choses, le Tong devrait être une oeuvre
d’art.




La règle traditionnelle stricte du secret a aussi besoin d’être modifiée. De
nos jours, tout ce qui échappe au regard stupide de la publicité est déjà
virtuellement secret. Beaucoup de gens à la mode semblent incapables de croire
dans la réalité de quelque chose qu’ils n’ont jamais vu à la télévision - et
donc échapper au fait d’être télévisualisé est déjà une quasi-invisibilité. De
plus, ce qui est vu au travers de la médiation des médias devient quelque chose
d’irréel & perd sa puissance (je ne m’occuperai pas de soutenir cette thèse
mais simplement de référerai le lecteur à un train-pensée qui mène de
Nietzsche, à Benjamin, à Bataille, à Barthe, à Foucault, à Baudrillard). Par
contraste, peut-être que ce qui n’est pas vu conserve sa réalité, un
enracinement dans la vie de tous les jours & donc un potentiel pour le
merveilleux.


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punkastor
gaucho baroudeur...
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MessageSujet: Re: le tong by hakim bey   le tong by hakim bey Icon_minitimeSam 7 Fév - 17:05

Citation :





Ainsi, le Tong moderne ne peut être élitiste - mais il n’y
a aucune raison qu’il ne puisse être électif. Beaucoup d’organisations
non-autoritaires se sont écroulées à cause du principe douteux d’une
affiliation ouverte qui mène fréquemment à la prépondérance des trous-du-cul,
des exploiteurs, des dégueulasses, des neurotiques pleurnichards & des
agents de police. Si un Tong est organisé autour d’un intérêt spécifique (et
particulièrement un intérêt illégal ou risqué ou marginal), il a certainement
le droit de se construire lui-même selon le principe des « groupes d’affinités
». Si le secret veut dire a) éviter la publicité & b) rejeter des membres
potentiels, la « société secrète » peut difficilement être accusée de violer
les principes anarchistes. En fait, de telles sociétés ont une longue &
honorable histoire au sein du mouvement anti-autoritaire, des rêves de Proudhon
de réanimer la Sainte-Vehme comme une sorte de « Justice Populaire », aux
différents plans de Bakounine, aux « Voyageurs » de Durutti. Nous ne devrions
pas permettre aux historiens marxistes de nous convaincre que de tels
expédients sont « primitifs » & sont laissés de côté par « l’Histoire ». Le
caractère absolu de « l’Histoire » est au mieux une proposition douteuse. Nous
ne sommes pas intéressés par un retour à l’état primitif, mais par un retour DU
primitif, dans la mesure où le primitif est « réprimé ».




Auparavant, les sociétés secrètes apparaissaient dans des temps & des
espaces interdits par l’Etat, c’est à dire où & quand le peuple était
divisé par la loi. A notre époque, le peuple n’est habituellement pas divisé
par la loi mais par la médiation & l’aliénation (cfr. « Immediatism »). Par
conséquent, le secret devient une résiliation de la médiation, alors que la
convivialité passe d’un objectif secondaire à un objectif primaire pour la «
société ». Se rencontrer simplement face-à-face est déjà une action contre les
forces qui nous oppressent par l’isolement, par la solitude, par la transe des
médias.

Dans une société qui renforce la séparation schizoïde entre le Travail & le
Loisir, nous avons tous expérimentés la « trivialisation » de notre « temps
libre », temps qui est organisé ni comme un travail ni comme un loisir («
Vacances » voulait dire autrefois temps « vide » - aujourd’hui elles signifient
le temps qui est organisé & rempli par l’industrie des loisirs). L’objectif
« secret » de la convivialité dans la société secrète devient alors une
auto-structuration & une auto-valorisation du temps libre. La plupart des
soirées sont vouées seulement à écouter de la musique forte & boire trop de
boissons alcoolisées, non parce que nous y prenons plaisir mais parce que
l’Empire du Travail nous a imprégné avec le sentiment que le temps « vide » est
un temps gaspillé. L’idée de lancer une soirée pour, disons, pour chanter des
Madrigaux ensemble semble désespérément passée de mode. Mais le Tong moderne
trouvera cela à la fois nécessaire & agréable de reprendre le temps libre
des mains du monde marchand & le vouer à une création partagée, à un jeu.




J’ai connaissance de plusieurs sociétés organisées, mais je ne vais sûrement
pas dévoiler leur secret en en discutant par écrit. Il y a des gens qui n’ont
pas besoin de 15 secondes de Nouvelles du Soir pour valider leur existence.
Bien sûr, la presse & la radio marginale (probablement le seul média dans
lequel cette « sermonnette » apparaîtra) sont de toute manière pratiquement
invisibles - certainement toujours assez opaque pour le regard du Contrôle. Néanmoins,
voici le principe de mon propos : les secrets devraient être respectés.
Personne n’a besoin de tout savoir ! Ce dont le XXe siècle manque le plus &
a le plus besoin est le tact. Nous désirons remplacer l’épistémologie
démocratique par une « épistémologie dadaïste ». Soit vous êtes dans le bateau
(bus) soit vous n’y êtes pas.




Quelques-uns appelleront cela une attitude élitiste, mais elle ne l’est pas -
du moins pas selon le sens qui est donné à ce mot par C. Wright Mills : « un
petit groupe qui exerce son pouvoir sur ceux qui ne sont pas membres pour son
propre agrandissement ». L’Immédiatisme n’est pas lui-même impliqué dans les
relations de pouvoir ; - il ne désire ni être dirigé ni diriger. Le Tong
contemporain ne trouve donc aucun plaisir dans la dégénérescence des
institutions en conspirations. Il veut le pouvoir pour ses propres objectifs
mutuels. C’est une association libre d’individus qui se sont choisis chacun
comme bénéficiaire de la générosité du groupe, sa « prodigalité » (pour
utiliser un terme Soufi). Si cela doit mener à une certaine forme « d’élitisme
», alors qu’il en soit ainsi.

Si l’Immédiatisme commence avec des groupes d’amis qui n’essayent pas seulement
de briser l’isolement mais qui essayent aussi d’améliorer la vie de chacun, il
devra bientôt prendre des formes plus complexes : la cellule d’alliés
mutuellement auto-choisis, travaillant (jouant) à occuper de plus en plus de
temps & d’espace en dehors des structures médiatiques & du contrôle.
Alors il tendra à devenir un réseau horizontal pour de tels groupes autonomes -
et ensuite, une « tendance » - et ensuite un « mouvement » - et ensuite une
toile cinétique de « zones autonomes temporaires ». A la fin, il s’efforcera de
devenir le noyau d’une nouvelle société, se donnant naissance à lui-même au
sein de la coquille corrompue de l’ancienne. Pour tous ces objectifs, la
société secrète promet de fournir un cadre utile de clandestinité protectrice -
un cloaque d’invisibilité qui devra être abandonné uniquement dans
l’éventualité d’une quelconque chute de la Babylone de la Médiation…

Préparez-vous pour les Guerres Tongs !




Traduit de l’anglais par Spartakus FreeMann - décembre 2001 e.v.

"IMMEDIATISM" Anti-copyright 1994 by AK Press, Edinburgh/San
Francisco


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