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 l'anarchisme et la revolution cubaine

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punkastor
gaucho baroudeur...
punkastor


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MessageSujet: l'anarchisme et la revolution cubaine   l'anarchisme et la revolution cubaine Icon_minitimeSam 7 Fév - 17:02

Citation :




L’Anarchie dans la Révolution cubaine (1960)

[l'anarchisme et la revolution cubaine 822d59cfdce1dbf7e93dd1ab37bb8234


Un
manifeste de l’Association Syndicaliste Libertaire de Cuba (décembre 1960).




Dernière édition par punkastor le Sam 7 Fév - 17:10, édité 4 fois
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punkastor
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MessageSujet: Re: l'anarchisme et la revolution cubaine   l'anarchisme et la revolution cubaine Icon_minitimeSam 7 Fév - 17:03

Citation :





1.
Contre l’État, sous toutes ses formes



Les
adhérents de l’Association Syndicaliste libertaire, considèrent comme un devoir
impérieux d’affirmer, dans cette étape de réalisations révolutionnaires de
notre peuple, que nous sommes opposés, non seulement à certaines formes de
l’État, mais à l’existence même de celui-ci comme organisme dirigeant de la
société, et partant, à toute politique qui tende à créer une hypertrophie
étatique, à amplifier les pouvoirs de l’État, ou à lui donner un caractère totalitaire
et dictatorial.



Les
militants syndicalistes libertaires, ainsi que les camarades des autres pays,
estiment qu’il est impossible de réaliser une véritable révolution sociale sans
procéder en même temps qu’à la transformation économique, à l’élimination de
l’État, en tant qu’entité politique et administrative, en lui substituant les
organismes de base révolutionnaires, comme les syndicats ouvriers, les
municipalités libres, les coopératives agricoles et industrielles autonomes,
les collectivités d’usine et de paysans, libres de toutes ingérences
autoritaires.



Les
superstitieux de la politique croient que la société humaine est la conséquence
de l’État, alors que la réalité montre que l’État n’est que l’expression la
plus terrible de la dégénérescence de la société divisée en classes ;
dégénérescence qui trouve son point culminant dans les brutales inégalités, les
injustices et les antagonismes du régime capitaliste.



En
définitive, l’État n’est qu’un excroissance parasitaire produite par le régime
de classes, appuyé sur la propriété privée des moyens de production, et il doit
commencer à disparaitre définitivement dans l’étape de transformation
révolutionnaire de la société bourgeoise en société socialiste.



2.
Les syndicats sont les organes économiques de la révolution



Les
syndicalistes libertaires affirment qu’il n’existe pas de représentation plus
naturelle de la classe ouvrière que les syndicats, et que par conséquent,
ceux-ci sont appelés à réaliser la transformation économique de la société, en
remplaçant, comme dit le vieux mot d’ordre socialiste : « Le gouvernement des
hommes par l’administration des choses... »



Les
syndicats et les fédérations d’industries, restructurées de façon rationnelle,
contiennent en eux-mêmes tous les éléments techniques et humains nécessaires,
pour développer pleinement les plans d’industrialisation collective.



Face
aux arrivistes de la politique révolutionnaire et aux revanchards de la
politique réactionnaire, qui prétendent s’emparer de nouveau du pouvoir public,
nous maintenons le critère suivant : avec la révolution sociale, non seulement
les syndicats ne doivent pas disparaitre, mais maintenant, au contraire, en
pleine période de réorganisation sociale, les organismes syndicaux ouvriers,
qui, de moyens de lutte revendicative se sont transformés en instruments de
direction et de coordination économiques, doivent remplir leur rôle le plus
important et décisif.


Dans ces circonstances, la subordination des syndicats à la politique de
l’État, bien que nous soyons dans une étape révolutionnaire - et peut-être à
cause de cela - est une trahison envers la classe ouvrière, une basse manœuvre
pour la faire échouer dans le moment historique où elle doit remplir sa mission
la plus importante du point de vue socialiste : l’administration, au nom de la
société tout entière, des moyens de production, et la responsabilité
d’organiser la distribution au peuple des produits de consommation nécessaires,
aux prix les plus bas et les plus justes.
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MessageSujet: Re: l'anarchisme et la revolution cubaine   l'anarchisme et la revolution cubaine Icon_minitimeSam 7 Fév - 17:03

Citation :





3.
La terre à celui qui la travaille



Les
hommes et les femmes de l’Association Syndicaliste Libertaire maintiennent
aujourd’hui plus que jamais, la vieille consigne révolutionnaire : La terre à
celui qui la travaille. » Nous pensons que le cri classique des paysans du
monde entier « Terre et Liberté » est l’expression la plus juste des
aspirations immédiates des paysans cubains. Terre, afin de la travailler et de
la faire produire ; Liberté pour s’organiser et administrer les produits de
leurs efforts et de leur sollicitude, suivant les préférences des intéressés :
par l’organisation de fermes collectives, quand cela est possible ; mais
toujours suivant la libre volonté des paysans et non imposé par les
représentants de l’État, qui peuvent être des hommes très capables au point de
vue technique, mais, dans la plupart des cas, ne connaissent pas les réalités
matérielles de l’agriculture et ignorent les sentiments, les inquiétudes et les
aspirations spirituelles des hommes de la terre.



Notre
longue expérience des luttes révolutionnaires chez les paysans nous a
convaincus que la planification de l’exploitation de la terre, question vitale
pour notre peuple, ne peut se concevoir comme un simple processus technique ;
en effet, s’il existe des facteurs inertes, la terre, les machines, c’est le
facteur humain qui est décisif, ce sont les paysans. C’est pour cela que nous
nous prononçons en faveur de l’organisation du travail collectif et coopératif,
sur des bases essentiellement volontaires, l’aide technique et culturelle
devant être apportée comme un moyen - sans doute le meilleur -, qui persuade
les paysans des énormes avantages présentés par l’exploitation collective, par
rapport au système individuel ou familial.



Faire
le contraire, employer la contrainte et la force, serait, en définitive, jeter
les bases de l’échec total de la transformation agraire, c’est-à-dire l’échec
de la révolution elle-même, dans son aspect le plus important.



En
lutte contre le nationalisme



En
tant que travailleurs révolutionnaires, nous sommes internationalestes,
partisans fervents de l’entente entre tous les peuples, par dessus toutes les
frontières géographiques, linguistiques, raciales, politiques et religieuses.
Nous éprouvons un grand amour pour notre terre : le même que celui des hommes
des autres pays pour le leur. De ce fait nous sommes ennemis du nationalisme,
quel que soit le manteau dont il se couvre ; opposés à toutes les guerres ;
partisans d’utiliser les énormes moyens économiques employés aujourd’hui en
armements, pour diminuer la faim et le besoin des peuples défavorisés, de
convertir les instruments de mort produits en quantité terrifiante par les
grandes puissances, en machines productrices de bien-être pour tous les hommes
de la terre.



Nous
nous opposons résolument à l’éducation militariste de la jeunesse, à la
création d’une armée de métier et à l’organisation d’appareils militaires pour
les adolescents et les enfants. Pour nous, nationalisme et militarisme sont
synonymes de nazi-fascisme.



Nous
lutterons, invariablement et toujours, pour qu’il y ait moins de soldats et
davantage d’instituteurs, moins d’armes et plus d’outils, moins de canons et
plus de pain pour tous.



Les
syndicalistes libertaires sont contre toutes les manifestations de
l’impérialisme démodé ; contre la domination économique des peuples qui est si
en vogue en Amérique ; contre la pression militaire qui assujettit les peuples
et les oblige à accepter des systèmes politiques étrangers à leur
particularisme national et à leur idéologie sociale, comme cela se pratique
dans une pratique d’Europe et d’Asie. Nous estimons que dans le concert des
nations, les petites valent autant que les grandes, et de la même façon que
nous sommes adversaires des États nationaux parce qu’ils assujettisent leurs
propres peuples, nous sommes aussi - et à un degré supérieur si cela est
possible - ennemis des super-États qui, se prévalent de leur force politique,
militaire, économique, repoussent les limites de leurs frontières, pour imposer
aux pays plus faibles leurs systèmes d’exploitation et de rapine. Face à toutes
les méthodes impérialistes, nous nous prononçons pour l’internationalisme
révolutionnaire, pour la création de grandes confédérations de peuples libres,
unis par des intérêts communs, des aspirations identiques, par la solidarité et
l’entraide.


Nous sommes partisans d’un pacifisme actif et militant, qui rejette les
subtilités dialectiques à propos des « guerres justes » et des « guerres
injustes » ; d’un pacifisme qui impose la fin des armées de métier, et le rejet
de toutes les sortes d’armes, en premier lieu des armes nucléaires.
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MessageSujet: Re: l'anarchisme et la revolution cubaine   l'anarchisme et la revolution cubaine Icon_minitimeSam 7 Fév - 17:04

Citation :





Au
centralisme bureaucratique



Nous
sommes, par nature, ennemi de toute forme d’organisation politique, économique
et sociale ayant des caractéristiques et des tendances centralisatrices. Nous
estimons que l’organisation de la société humaine doit partir du simple au
composé, de bas en haut, c’est-à-dire commencer dans les organismes de base :
municipalités, syndicats, coopératives, centres culturels, associations
paysannes, etc., etc., pour s’intégrer dans les grandes organisations nationales
et internationales, sur la base du pacte fédéral entre égaux qui s’associent
librement pour accomplir les tâches communes, sans dommage pour aucune des
parties contractantes, qui resteront toujours libres de se séparer des autres
quand elles estimeront que cela convient à leurs intérêts. Nous comprenons
l’organisation sociale, aussi bien natioanle qu’internationale, dans le sens et
sous la forme de grandes confédérations syndicales, paysannes, culturelles et
municipales, qui auront à charge la représentation de tous, sans avoir d’autre
pouvoir exécutif que celui qui leur sera confié, dans chaque cas, par les
organismes de base fédérés. L’esprit de liberté des peuples ne peut trouver son
expression complète que dans une organisation de type fédéraliste, qui
établisse les limites de la liberté de chacun, et, en même temps, garantisse la
liberté de tous. La centralisation politique et économique qui conduit, comme
nous le prouve l’espérience, à la création d’États monstrueux,
supertotalitaires, à l’agression et à la guerre entre peuples, à l’exploitation
et à la misère des grandes masses populaires du monde.



Sans
liberté individuelle



Les
syndicalistes libertaires sont partisans des droits individuels. Il n’y a pas
de liberté pour l’ensemble, si une partie est esclave. Il ne peut exister de
liberté collective, là où l’homme, en tant qu’individu, est victime de
l’oppression. Nous disons qu’il est urgent de garantir les droits de l’homme,
c’est-à-dire la liberté d’expression, le droit au travail et une vie décente,
la liberté de religion, l’inviolabilité du domicile, le droit d’être jugé par
des personnes impartiales et justes, le droit à la culture et à la santé, etc,
etc. ; sans cela, il n’existe pas de possibilité de coexistence humaine
civilisée.



Nous
sommes contre la discrimination raciale, les persécutions politiques,
l’intolérance religieuse et l’injustice économique et sociale. Nous sommes
partisans de la liberté et de la justice pour tous les hommes, y compris pour
les ennemis de la liberté et de la justice mêmes.



La
révolution appartient à tous



L’Association
Syndicaliste Libertaire renouvelle sa volonté d’appuyer la lutte pour la
libération totale de notre peuple, et affirme que la révolution n’appartient à
personne en particulier, mais au peuple en général. Nous appuierons, comme nous
l’avons fait jusqu’à ce jour, tous les moyens révolutionnaires tendant à
résoudre les maux anciens dont nous souffrons, mais nous lutterons aussi, sans
trêve ni repos, contre les tendances autoritaires qui s’agitent dans le sein
même de la révolution.



Nous
avons été contre la barbarie et la corruption du passé ; nous lutterons contre
toutres les déviations qui prétendent amoindrir notre révolution, calquant les
modèles supertotalitaires qui écrasent la dignité humaine dans d’autres pays.



L’État,
quoi qu’en disent ses adorateurs, de droite ou de gauche, est aussi quelque
chose de plus qu’une excroissance parasitaire de la société de classes : c’est
une source génératrice de privilèges économiques et politiques et, de ce fait,
de nouvelles classes privilégiées.



Les
vieilles classes réactionnaires qui essaient désespérement de reconquérir leurs
privilèges abolis, nous trouvent dressés contre elles. Les nouvelles classes
d’exploiteurs et d’oppresseurs qui pointent déjà à l’horizon révolutionnaire,
également.



Nous
sommes avec la justice, le socialisme et la liberté. Nous luttons pour le
bien-être de tous les hommes, quelles que soient leur origine, leur religion ou
leur race.



Dans
cette ligne révolutionnaire, travailleurs, paysans, étudiants, hommes et femmes
de Cuba, nous resterons jusqu’à la fin.



Pour
ces principes, nous risquerons notre liberté, et si c’est nécessaire, notre
vie.



Association
syndicaliste libertaire, La Habana, juin 1960



Ce
texte est paru dans le n° 40 de Views and comments, organe de la Ligue
libertaire, organisation anarchiste d’Amérique du Nord. Un autre article sur
Cuba de ce numéro, écrit par J. R. Bray, est traduit dans Le Monde libertaire
de février 1961 : « Pour la Révolution cubaine ».


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